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13 septembre 2020 7 13 /09 /septembre /2020 18:03

La décision de la Ville de Bordeaux de dépenser autrement ce que coutait un ou quelques arbres de Noël dits traditionnels au coeur de la cité pendant les fêtes attire une volée de commentaires outrés !

Réfléchissons un peu !

Que Noël ait été une fête populaire quand toute la population (ou presque) était chrétienne, ça me paraît historique.

Que la fête Chrétienne de Noël soit un subterfuge inventé en 335 pour se substituer aux très populaires fêtes romaines du solstice d'hiver (le Soleil Invaincu), ça me paraît historique !

 

Qu'une société sécularisée continue à fêter Noël, ça me semble incohérent et relève d'une absence de créativité courageuse ou d'un lâche sentiment qu'ainsi on garderait les traditions alors qu'elle ne transmettent plus rien !

Qu'un arbre en soit devenu un symbole incontesté sur l'ensemble du territoire m'apparaît comme un cas de fétichisme collectif aggravé si les collectivités publiques en sont arrivés au point de nourrir une telle addiction !

Oui, je parle d'addiction, puisque c'est par automatisme que sapin = Noël et qu'il apparaîtrait qu'il ne soit de Noël s'il n'y a de sapin !

 

Cette tradition du sapin vient des terres de culture germanique et n'était nullement attestée avant la fin du 19éme siècle sur le reste du territoire français !

Le sapin n'est pas, malgré les chants (assez abominables théologiquement au demeurant !) de Noël dont on m'a abreuvé avec le célèbre "Mon beau sapin", une antique tradition, et sa dimension scripturaire reste fortement douteuse, sauf à le confondre avec le cèdre du Liban. Dans les pays où poussaient essentiellement des feuillus, on se met au conifères qui poussent plus vite et permettent une exploitation forestière plus rentable.

Notons bien que c'est un événement particulier qui a apporté le sapin comme symbole dans l'ensemble de la France !

A la suite de la guerre Franco-prussienne de 1870-1871, un traité retranché du territoire national les départements d'Alsace et la Moselle ! Alors, peu à peu, en signe de solidarité avec ces compatriotes tombés sous le joug allemand, la nation a adopté en signe d'unité malgré le déchirement le sapin.

"Ils" nous avaient pris l'Alsace et la Lorraine, mais en célébrant le sapin, nous manifestions qu'en esprit, la Nation française restait Une !

Là, vous avez le droit de me demander ce qu'il reste de religieux !

Depuis, les départements retranchés sont revenus dans le giron de notre patrie enfin rassemblée (je vois toujours pas le lien avec Noël, ou alors ce serait un peu tortueux et peu convaincant !), même si nos frères séparés puis retrouvés ont des législations parfois différentes du reste du territoire et que la France croit qu'elle est une République laïque, alors qu'il n'en est rien ni sur le territoire métropolitain sans parler de certains DOM-TOM !

 

Consacrer une certaine somme d'argent à des actions associatives environnementales ou caritatives me paraît être une bonne approche positive de ce que la société sécularisée a reçu de feu la chrétienté ! En garder et transmettre ce qui fait l'humain, plutôt que l'apparat et le fétichisme des rituels.

Alors célébrons et saluons une décision municipale symbolique de la Ville de Bordeaux parce qu'elle ouvre du sens -ouvrir du sens est toujours un signe de liberté collective- et nous libère des automatismes et de nos clichés qui sont comme autant d'addictions privatrices de sens, et fournisseuses de "leurres" identitaires !

ce 13 septembre 2020, Jean-Christophe Muller

 

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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 21:02
Je me souviens des dernières années durant lesquelles régnait à Téhéran le Shah d'Iran... La modernité pour l'élite, et la répression pour tous, et une police politique : la Savak !
Je me souviens des étudiants iraniens qui manifestaient dans les halls des restaurants universitaires de la Cité Internationale à Paris contre ce régime-là.
Je me souviens du retour de l'ayatollah éxilé et de la découverte de ce monde ignoré des grandes écoles d'Iran, dont celles de Qom... ceux qui évoquaient un islam shi'ite inspirant la politique, et ceux qui évoquaient un retrait. Il y avait les héritiers spirituels de Mossadegh (ce nationalisme progressite brisé par le Shah dans les années 50), les laïques (dont le dernier gouvernement, entre le départ du Shah et le retour de Khomeyni).

Les sentiments de l'époque étaient  mélés de gènes et d'espoirs, en vrac, de vraies inquiétudes et d'une certaine euphorie. Il y avait la personalité sombre et rétrograde de Khomeyni, mais il y avait comme une richesse de personnes, de groupes, d'opinions politiques et théologiques, qui permettaient de penser que les jeux étaient ouverts.
Depuis 30 ans les portes peu à peu se sont fermées !
La Révolution Iranienne a créé son corpus peu à peu, comme une série de grands rapports de forces !
Les anciens opposants au Shah d'obédience laïques (communistes, mossadeghiens, laïques, modérés...) ont les premiers fait les frais de ce processus mouvementé. Non, les bahaïs, les premiers (parce qu'ils avaient profité de la protection du Shah ? parce qu'ils étaient une hérésie pour les religieux). Mais des voix fortes au sein même du shi'isme se faisaient entendre plaidant pour un shi'isme politique ouvert, non théocratique, non "interventioniste".
Vintent les 8 longues années de guerre quand l'Irak de Sadam Hussein a pensé pouvoir jouer sur une situation fragile : les grandes puissances soutenaient et armaient l'Irak ! Rien de tel pour faire taire les voix libres, pour que sous couvert d'union nationale et de patriotisme se rigidifient les positions et se radicalisent les rapports de force !

En 1989, quand meurt Khomeyni, et que lui succède Khamenei, c'est sur la base de compromis, mais déja un camp, celui des conservateurs, vient de faire un grand pas dans le controle du régime. Une démocratie encadrée, où existent encore de vrais et profonds débats, mais une société civile déja controlée et surveillée émergent de la guerre. Seize années de "jeu du chat et de la souris" vont nous montrer le spectacle d'une société qui ne veut pas céder, qui crée sans cesse de nouvelles formes de résistance, et l'on perçoit bien l'écho des combats  qui se livrent au sein du régime entre conservateurs et modérés, ces derniers forts d'une légitimité populaire, ne savent pas, n'osent pas ou ne veulent pas remettre en question les "fondements" de la république islamique auxquels ils ont apporté leur contribution.
La victoire en 2005 du candidat des conservateurs met en exergue la force de toutes les milices idéologiques et leur présence dans les rouages de l'Etat. Il faut dire que le choix était entre l'"illuminé" et le "corrompu" (Rafsandjani). Mais ce qu'on voit mal à l'époque, c'est que ces milices et membres de l'appareil d'état sont dans une position difficile, leur emprise sur les rouages étant ce qui est contesté.
Depuis 4 ans, le apradoxe était que les religieux et la hiérarchie étaient progressivement mis à l'écart pour faire place aux tenants "durs", des "laïcs", campant sur leur légitimité d'anciens combattants aigirs par la guerre, et cherchant à faire perdurer dans la paix (ou le spectre d'un conflit international) cette aura qui en faisaient les conservateurs de la pureté (contre une certaine idée de "planqués" accolée à leurs adversaires).

Le putsh en cours, la falsification massive du scrutin fait apparaître la faiblesse de ce mouvement : dans la violence, s'appuyant sur l'appareil militaro-industriel, sur les milices et leurs clientèles, ils jouent leur va-tout. Et ils font savoir, Guide Suprême en tête que rien ne les arrêtera !
Portés par les affamés de liberté, les "fondateurs" du régime, le clergé réformateur comme le clergé retiré dans ses facultés, vont-ils chercher à louvoyer, à temporiser, ou prendre en compte cette faiblesse maquillée en dureté intransigeante des durs, pour tenir bon ?
Ma première réaction depuis une semaine, c'est que les violents qui ont préparé leur coup risquent de remporter ce combat. Mon étonnement, c'est de voir que les réformateurs divers, divisés, plus ou moins impliqués dans le processus des 20 dernières années semblent tenir bon, faire face, tant l'attente populaire est exigeante ! Comme si les enfants de la Révolution ne voulaient plus se laisser dévorer.
En France, il aura fallu près de 90 ans de convulsions, de réactions, de restaurations, de révolutions pour que la République trouve son cours juste.
La Russie n'était tombée du régime des Tsars que pour aller 9 mois plus tard tomber dans une Révolution qui s'est parée des mêmes oripaux que ceux de la dictature précédente ! et 20 ans après la chute du mur, la police politique tient le haut du pavé.
Les chars russes ont réprimé le printemps de Prague ! 41 ans après : c'en était fini de l'hiver de la peur et du silence !

On a du mal à suivre les évènements profonds qui bouleversent l'Iran, mais assurément l'aspiration à la liberté a une force qu'ils auront du mal à étouffer ! Pourquoi ? parce que la République Islamique, porteuse d'un pluralisme encadré et d'une doctrine qui s'est rigidifiée au fil des temps, est né d'un formidable sursaut populaire, et que la liesse de ce moment-là fait partie des gènes de ce régime, cette liesse d'il y a 30 ans ne peut être retirée de l'histoire et de l'avenir de ce peuple. C'est ce que les "durs" voudraient pouvoir éradiquer...

De loin, on semble si impuissant ! 
C'est vrai à chaque fois que la tragédie vient marquer notre actualité, mais je ne m'y ferai jamais !
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  • Jean-Christophe MULLER
  • observateur engagé dans le monde où je vis avec les autres......
ancien ADJOINT au MAIRE d'ALES (83-95)
ancien CONSEILLER REGIONAL du LANGUEDOC-ROUSSILLON (88-92)
PASTEUR de l'EGLISE REFORMEE de FRANCE (depuis 1999)
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Par un petit matin d'été, Quand le soleil vous monte au coeur, Quand un ami sèche vos pleurs, Qu'elle est belle la liberté, la liberté ! (G.Brassens "Heureux qui comme Ulysse !")

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