La décision de la Ville de Bordeaux de dépenser autrement ce que coutait un ou quelques arbres de Noël dits traditionnels au coeur de la cité pendant les fêtes attire une volée de commentaires outrés !
Réfléchissons un peu !
Que Noël ait été une fête populaire quand toute la population (ou presque) était chrétienne, ça me paraît historique.
Que la fête Chrétienne de Noël soit un subterfuge inventé en 335 pour se substituer aux très populaires fêtes romaines du solstice d'hiver (le Soleil Invaincu), ça me paraît historique !
Qu'une société sécularisée continue à fêter Noël, ça me semble incohérent et relève d'une absence de créativité courageuse ou d'un lâche sentiment qu'ainsi on garderait les traditions alors qu'elle ne transmettent plus rien !
Qu'un arbre en soit devenu un symbole incontesté sur l'ensemble du territoire m'apparaît comme un cas de fétichisme collectif aggravé si les collectivités publiques en sont arrivés au point de nourrir une telle addiction !
Oui, je parle d'addiction, puisque c'est par automatisme que sapin = Noël et qu'il apparaîtrait qu'il ne soit de Noël s'il n'y a de sapin !
Cette tradition du sapin vient des terres de culture germanique et n'était nullement attestée avant la fin du 19éme siècle sur le reste du territoire français !
Le sapin n'est pas, malgré les chants (assez abominables théologiquement au demeurant !) de Noël dont on m'a abreuvé avec le célèbre "Mon beau sapin", une antique tradition, et sa dimension scripturaire reste fortement douteuse, sauf à le confondre avec le cèdre du Liban. Dans les pays où poussaient essentiellement des feuillus, on se met au conifères qui poussent plus vite et permettent une exploitation forestière plus rentable.
Notons bien que c'est un événement particulier qui a apporté le sapin comme symbole dans l'ensemble de la France !
A la suite de la guerre Franco-prussienne de 1870-1871, un traité retranché du territoire national les départements d'Alsace et la Moselle ! Alors, peu à peu, en signe de solidarité avec ces compatriotes tombés sous le joug allemand, la nation a adopté en signe d'unité malgré le déchirement le sapin.
"Ils" nous avaient pris l'Alsace et la Lorraine, mais en célébrant le sapin, nous manifestions qu'en esprit, la Nation française restait Une !
Là, vous avez le droit de me demander ce qu'il reste de religieux !
Depuis, les départements retranchés sont revenus dans le giron de notre patrie enfin rassemblée (je vois toujours pas le lien avec Noël, ou alors ce serait un peu tortueux et peu convaincant !), même si nos frères séparés puis retrouvés ont des législations parfois différentes du reste du territoire et que la France croit qu'elle est une République laïque, alors qu'il n'en est rien ni sur le territoire métropolitain sans parler de certains DOM-TOM !
Consacrer une certaine somme d'argent à des actions associatives environnementales ou caritatives me paraît être une bonne approche positive de ce que la société sécularisée a reçu de feu la chrétienté ! En garder et transmettre ce qui fait l'humain, plutôt que l'apparat et le fétichisme des rituels.
Alors célébrons et saluons une décision municipale symbolique de la Ville de Bordeaux parce qu'elle ouvre du sens -ouvrir du sens est toujours un signe de liberté collective- et nous libère des automatismes et de nos clichés qui sont comme autant d'addictions privatrices de sens, et fournisseuses de "leurres" identitaires !
ce 13 septembre 2020, Jean-Christophe Muller