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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 23:07

     Je trouve pertinente la proposition de Madame Eva Joly relative aux fêtes religieuses juive et musulmane du Kippour et de l’Aïd, pour en faire des jours fériés. Et constate que les crispations ou du camp soi-disant laïque viennent joindre leurs efforts aux tenants du tout contre l’islam et du « l’Europe est chrétienne ».
     Parlons des jours fériés que nous avons déjà, et faisons le point.
     Un jour concédé par les Empereurs romains le 1er janvier, vieux reste des religions civiles. Celui de Noël reste ambigü, puisque c’est l’ancien Dies Natalis (culte du Soleil Invaincu) établi par Constantin auquel les temps ont substitué une fête chrétienne, le 25 décembre.
     Le 1er mai pour la fête du travail, le 14 Juillet pour la fête de la patrie ou de la Nation. Le 8 mai et le 11 novembre pour la commémoration de la fin d’hostilités qui ont endeuillé notre pays durant le XXème siècle.
     Ensuite Pâques et Lundi de Pâques, Ascension, Pentecôte et Lundi de Pentecôte, soit 5 fêtes chrétiennes dont les dates sont fixées selon le calendrier des Eglises Occidentales de la Méditerranée (encore que je n’ai pas compris pourquoi les lundis), et puis, pour les catholiques romains le 15 août. Les chrétiens orthodoxes ne voient pas leur calendrier pris en compte…
     Soit 4 fêtes républicaines, une civile, 6 religieuses, soit chrétiennes soit spécifiquement catholiques. 11 journées.
     Le patronat essaie fréquemment de rogner le nombre de ces jours chômés et fériés, où le salaire mensuel est versé sans contre - partie travaillée, ou alors à un tarif plus élevé. Souvent les syndicats défendent ces jours, non pour leur symbolique, mais comme un acquis salarial… Il est arrivé que des gouvernements tentent de revenir sur le 8 mai (à cause de sa proximité avec le 1er mai et souvent l’Ascension, ce qui fait si souvent du mois de mai un mois très haché. On a plus ou moins mis le Lundi de Pentecôte hors jeu, malgré les cris de l’Episcopat et des aficionados nîmois, ce qui, même chômé nous met entre 10 et 11 jours.
     Mais s’en tenir à une vision purement financière des jours fériés et chômés est par trop limitatif : c’est même un dévoiement.
     La raison d’être symbolique de ces jours est en jeu. Et l’on a vu l’exemple du 8 mai  montrer la charge symbolique (multiforme sans doute) que revêtent ces jours particuliers. Ils consacrés non seulement par l’usage, mais signes d’un moment qui appartient à un temps du peuple… mais l’on sait qu’on n’a jamais qu’un peuple introuvable, sinon celui qui se retrouve sur un de ces moments symboliques. Le maintien des fêtes religieuses chrétiennes (dont le catholique 15 août) démontre la volonté de paix civile à laquelle les gouvernements de la 3ème République ont contribué tout en établissant progressivement les lois de laïcité.

     Dans cette perspective, invoquer la laïcité ou la loi de 1905 pour s’opposer à la proposition remise au fil de l’actualité par Eva Joly, me semble être signe de crispations, de paresses intellectuelles, résultat de cette habitude prise de s’en tenir à des formules réductrices et non fondées au point d’en être même à l’opposé du sens et de l’esprit de la Loi du 9 décembre 1905. S’il y a une égalité de droit entre les cultes, on constate surtout une inégalité de fait, puisque le culte catholique a un jour férié pour une fête qu’il est seul à célébrer, et les religions chrétiennes cinq. C’est donc une inégalité, très ancienne à l’égard du judaïsme, qui pourtant était présent en Gaule avant que le christianisme n’existe, et contemporaine à l’égard de l’Islam. Or l’article 1 de la loi du 9 décembre 1905 inscrit « la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte ». « Ne reconnaît », cela veut dire qu’il n’y a pas un culte qui pourrait se prévaloir d’un quelconque droit de prédominance… Par contre l’usage bien connu est que si la République ne reconnaît pas les cultes (il n’y a pas de culte officiel), « elle les connaît ». Il faut poursuivre : si la République connaît les cultes, c’est qu’en l’article deux de la-dite loi, elle garantit la liberté de l’exercice du culte, sauf trouble à l’ordre public. Le maintien des jours fériés pour les fêtes carillonnées chrétiennes, en un temps de forts affrontements est là pour démontrer que la République donnait aux chrétiens les moyens de participer à ces fêtes qui rassemblent au-delà des fidèles réguliers. Une sorte de pragmatisme pacificateur, démontrant que la laïcité à la française n’est pas anti-religieuse, mais pacificatrice. Sur le fond, la loi de 1905 ne signifie nullement l’envoi des religions dans la seule sphère privée les excluant de la sphère publique, elle pose un double principe : celui du libre exercice de la religion (individuel et collectif), et celui du refus de la contrainte d’exercer une religion contre son gré.  Ce n’est pas l’antagonisme entre public et privé, mais celui qu’il y a entre liberté et contrainte.
[«L'égalité et la laïcité auront avancé dans notre pays», a déclaré lors d'une «Nuit de l'égalité» au Bataclan la candidate écologiste à la présidentielle, se référant au rapport Stasi sur «l'application du principe de laïcité».

Remis fin 2003 au chef de l'Etat, la commission Stasi préconisait notamment de «faire des fêtes religieuses de Kippour et de l'Aïd el-Kébir des jours fériés dans toutes les écoles de la République» et, «dans le monde de l'entreprise, (de) permettre aux salariés de choisir un jour de fête religieuse sur leur crédit de jours fériés».]°
     Elle a raison Eva Joly, sauf à considérer la laïcité comme une marche progressive vers l’éradication du religieux. Il faut sans doute reprendre le calendrier des jours fériés, moduler les formes de ces jours fériés, mais il s’agit d’une Nation qui s’honorerait à faire progresser la pacification des esprits par une égalité de traitement, sans démonisation… Une société qui soit fière de faire place au droit de chacun.
     Je suis aussi partisan d’une « Journée de la Laïcité », le 9 décembre… non fériée et chômée, mais manifestée dans les écoles, et ayant une solennité (comme le 19 mars par exemple, ou comme pour la journée de la Déportation).
     Je regrette les frilosités et constate que certains laïques préfèrent encore une situation d’inégalité plutôt qu’une avancée dans la façon de garantir la liberté d’exercice du culte pour tous. On ne peut invoquer la loi pour dire ce qu’elle interdit (signes ostentatoires par exemple) et refuser qu’elle soit invoquer pour dire ce qu’elle doit ouvrir. Dans une société pluraliste, il ne peut y avoir un seul sens.
     Par contre, j’ai accueilli avec colère ceux-là qui se réfugie derrière le côté « France aux racines chrétiennes », le coup de la « fille ainée de l’Eglise » etc… (encore une fois, ils oublient que les juifs étaient là avant le christianisme… Ils montrent du reste que l’Eglise catholique ne dépend pas tellement de la loi du 9 décembre 1905, mais surtout du traité de 1923 entre la République et le Saint-Siège, ce qui crée un droit un peu particulier. Si c’est eux qui l’emportaient, ce serait le maintien des privilèges (au nom du droit du premier occupant sans doute ?)…
     Bon, je ne suis pas sur que la présidentielle aidera ce débat à avancer : les esprits sont échauffés, un peu obscurcis. Peut-être un jour dépasserons-nous le stade des clichés, pour revenir au fond du droit, tel que notre République a su le mettre en œuvre, avec pragmatisme et lucidité.

° tiré du blog du Figaro

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 13:16

Dans les semaines qui viennent, au gré de leurs déclarations, les candidats à la présidence de la République, vont être émettre diverses propositions sur tous les sujets possibles. Il n’est pas dans mes intentions de les relever toutes ou de prendre partie sur chacune, d’autant que mes convictions sont bien ancrées, in fine. Mais il arrivera de ci de là que telle ou telle proposition ouvre une fenêtre qui me tient à cœur… Et je ne sais pas résister quand se présente la possibilité de dérouler une question dans sa problématisation complexe.
Il est bien évident qu’une campagne électorale de cet ordre est l’occasion de faire le point sur bien des sujets… Par delà les programmes des uns et des autres, ce qui compte c’est que nous puissions nous en emparer pour approfondir les débats, en dérouler les enjeux sous nos yeux, prendre date pour les poursuivre au-delà du moment de la rabies politica. Tout sujet est souvent plus complexe que les formules calées et mesurées au cordeau énoncées par les candidats : c’est dans la polémique qui s’ensuivra à chaque fois que se révèleront les pistes multiples qui traversent l’opinion dans notre pays. Une bonne occasion de profiter de cette période intense où le mieux et le pire vont se côtoyer.
Résolument, j’ai envie de valoriser la part du mieux, dans la pluralité de notre beau pays, avec la certitude qu’être citoyen, c’est assurément voter, mais bien plus, c’est contribuer à nourrir des débats sur tout ce qui fait notre vie en société, plus riches que les slogans ou formules à l’emporte-pièce. C’est un travail rigoureux, une exigence intellectuelle élevée que de ne pas en rester aux formules parfois elliptiques, souvent simplifiées, que de vouloir faire le point pour soi et avec les autres.
Il faut cependant préciser que cette exigence n’est pas formulée pour moi comme une critique si facile des politiques. Les exigences médiatiques, la nécessité de concentrer en peu de mots les sujets complexes, le besoin de charmer, d’attirer, de faire vibrer, tout cela amène souvent à un appauvrissement qualitatif du débat, à une simplification abusive de ce qui ne saurait l’être. Ce n’est pas signe de je ne sais quelle médiocrité de la vie politique, et quand bien même à certains moments ce le serait, je me refuse à enfermer les hommes et les femmes qui prennent le risque de s’engager pour des idées, des convictions, dans des jeux de rôle, de les assigner aux postures d’un moment.
Ma passion de la « chose publique », de la « res publica » me l’interdit. Le dénigrement systématique ou la dépréciation continue des personnalités politiques sont une cantilène trop répandue que ça en devient une façon de se répandre de la boue sur soi-même, car après tout on n’a que la classe politique qu’on mérite…
Et puis, quand bien même il y aurait des enjeux de pouvoirs, des postures (inachevées et toujours en mouvement), je me refuse à cette façon dite critique de tout réduire aux intérêts immédiats ou aux « décryptage » de je ne sais quelle manœuvre (et il y en a bien évidemment). Les combats politiques sont certes des immenses jeux de pouvoir, mais ils ne se réduisent pas à cela. La dépolitisation et le désenchantement de notre société viennent souvent de ce chantier de démolition gratuite et de formules simplistes qui ne respectent rien et réduisent l’individu à ce qu’il aurait de plus égoïste et intéressé ou calculateur. Je veux témoigner d’un autre regard sur l’être humain, je veux parler du bonheur qu’il y a à être citoyen.
Et si la lucidité, la compréhension des rapports de force, avec ce qu’ils ont d’indigne et ce qu’ils ont de glorieux, est nécessaire, il me paraît important de développer non je ne sais quelle part de rêve, artificiel ou volontariste, mais de souligner ce qu’il y a de dignité dans les fonctions de la chose publique, dans notre mission de citoyens : nous construisons notre aujourd’hui, nous réapprenons sans cesse à vivre ensemble.
Je ne subis pas ce vivre-ensemble, je le revendique. Je veux entendre ce qu’il y a dans la parole de chacun, je ne soupçonne pas d’emblée, je cherche à voir ce qui en chacun contribue à la vigueur de notre pays.

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22 juin 2009 1 22 /06 /juin /2009 15:48

Nos premiers jours de l’été 2009 sont tournés vers la situation en Iran !

L’exigence populaire visant à « récupérer les voix qui lui ont été volées » finira-t-elle par l’emporter ou sera-t-elle noyée dans un bain de sang au bénéfice de l’appareil policier militaro-idéologique ? Chaque jour va peser lourd ! Même si depuis sa naissance le régime était une république aux droits d’expression « encadrés » de plus en plus réprimés, les 30 ans de république islamique ont jusqu’ici laissé une part de pluralité et n’ont pas empêché malgré bien des efforts que l’on entende des cris, des protestations et de vraies résistances trouvant un écho dans le peuple de ce pays. Si les « durs » devaient l’emporter, la seule différence avec l’Arabie Saoudite et autres émirats d’Orient serait que les dignitaires sont issus du peuple et non d’une famille royale. C’était le trait du régime stalinien : la force violente de l’histoire plutôt que le droit de naissance aristocratique !

On regardera si le Gabon ouvre ses portes au pluralisme, maintient par coup de force ou nouveau compromis les héritiers nantis de l’ère Bongo, ou si s’ouvre une déstabilisation fondée sur les identifications tribalistes… Tout est possible ! Apparemment, les apétits sont aiguisés, les vassaux se sentent déliés de leur tutelle, et une part de la si maigre société civile qui servait le maître défunt souhaite un jeu désormais plus ouvert. 

La Côte d’Ivoire reportera-t-elle à nouveau un processus électoral attendu depuis 4 ans ? C’est plus que probable.

Le Liban qui vient de voter en confirmant sa majorité sortante va sans aucun doute peiner à établir un nouvel équilibre de toutes les forces du pays, jonglant vertigineusement entre statu quo et nouveau risque de guerre civile.

Jusqu’où iront les U.S.A. dans la mise en œuvre de leur nouvelle politique quant à Israël/Palestine ? Compte-tenu de la guerre civile intra-palestinienne et de la composition du gouvernement Nethanyahou, malgré l’impact du discours du Caire prononcé par le Président Obama, rien ne semble pouvoir nous faire croire que l’on puisse sortir d’un bourbier où sont déjà venus s’enliser et sombrer tant d’initiatives. Par delà les mots et les formules, l’actuel gouvernement israélien ne cherche qu’à composer avec le temps de provocation en provocation, et de surcroit il détient dans ses prisons le seul homme politique palestinien capable de faire émerger une nouvelle configuration. C’est probablement le seul espoir connu : Barghouti emprisonné, il reste encore une carte à jouer pour l’avenir ! Si encore cette hypothèse puisse trouver quelque écho !

Jusqu’où l’Italie va-t-elle s’enfoncer dans la mainmise sur le tout-état par les cliques affairistes qui modifient le droit au fil de leurs ennuis judiciaires et la dissolution du sens même de l’Etat et de la citoyenneté ? L’embellie italienne semble s’éloigner dans un précis de décomposition dont ce pays possède les recettes alchimiques.

En septembre nous saurons ce que la social-démocratie allemande aura réussi dans son effort d’endiguer l’effondrement, ou si les couches populaires et moyennes se tournent vers le libéralisme transgresseur des libéraux de Westervelle. Car ce sont ces derniers les vainqueurs des récentes élections européennes, les vrais perdants étant les conservateurs démocrates-chrétiens et chrétiens-sociaux bavarois, sans que cela ne remette en cause la position dominante de la chancelière Merkel. Avec qui sera-t-elle amenée à gouverner est la seule inconnue du scrutin à venir. Eté chaud en perspective pour établir le rapport de force des 5 à 10 prochaines années en République Fédérale Allemande.

Les prochaines élections présidentielles chiliennes verront-elles se briser le pacte démocratique entre chrétiens-démocrates, socialistes et autres petits partis présents dans la Convergence, qui a permis la renaissance de ce pays depuis 20 ans ? Un dissident socialiste va-t-il permettre à la droite nostalgique de Pinochet de retrouver le pouvoir par les urnes ? Ou la Convergence tiendra-t-elle bon ? Nul doute que l’usure du pouvoir, le désir de se repositionner sur un axe droite-gauche plutôt que démocrates/ex-dictatoriaux, vont porter des coups de boutoir à la majorité sortante. Les quartiers riches de Santiago du Chili veulent reprendre la main.

Indication importante venue du Chili pour ce qui se passera l’an prochain au Brésil, quand il faudra élire le successeur de Lula : je veux espérer que ce sera la successeure !

Dans quelques jours la Tchéquie (et son ultra-libéral président europhobe Vaclav Claus) ne sera plus à la présidence de l’Union Européenne. Sa capacité de nuisance propre à salir et ternir tout ce qui peut faire avancer une citoyenneté européenne est vraiment une tâche, surtout quand on pense à son prédécesseur Vaclav Havel ! L’Union Européenne ne va pas se grandir ni proposer une issue à ses peuples dans la reconduction si peu convaincue ni convaincante de Manuel Barroso à la tête de la Commission de Bruxelles : reste à savoir par quels méandres va passer cette continuité attendue. De celui qui avait été nommé pour que rien ne se passe, on n’arrive pas à attendre autre chose. Le nouveau referendum en Irlande reste une inconnue. Un OUI ne rendrait pas de dynamique, mais permettrait de laisser ses chances à un parcours institutionnel un peu plus correct !

Ce tableau ne tient compte que des scénarii déjà engagés : les évènements peuvent amener des surprises. Il faut avoir le cœur bien accroché pour avoir un peu d’espérance ces temps-ci !

 

 

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ancien ADJOINT au MAIRE d'ALES (83-95)
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PASTEUR de l'EGLISE REFORMEE de FRANCE (depuis 1999)
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