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12 octobre 2020 1 12 /10 /octobre /2020 19:43

https://radioallianceplus.fr/audio/et-les-prostituees-vous-precederont/

 

n'hésitez pas à télécharger ce culte enregistré

 

"... les collecteurs d'impôts et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu" (Matthieu 21)

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12 octobre 2020 1 12 /10 /octobre /2020 19:38

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n'hésitez pas à télécharger !

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19 juillet 2016 2 19 /07 /juillet /2016 12:26

Dimanche 17 Juillet 201

Prédication au Grand Temple de Nîmes

par le pasteur Jean-Christophe Muller

textes lus : Genèse 18/1 à 10 et v.16 ; Luc 10/38-42

« Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux,

ne passe pas, je te prie,

sans t'arrêter chez moi, ton serviteur ! »

Genèse 18/3

LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ

ÉXILÉS L'ACCUEIL D'ABORD !

Trois hommes apparaissent au regard d'Abraham !

Trois hommes dont on ne sait rien, mais le voilà qui s'élance à leur rencontre pour les inviter en leur faisant les honneurs de celui qui accueille.

Ce faisant, Abraham évite deux écueils :

Que les trois hommes poursuivent leur route sans rien demander ni lui adresser la parole !

Peu probable dans ces temps anciens, ne serait-ce que pour l'eau. Mais de nos jours, hypothèse très réaliste, tant l'indifférence, la méfiance, la peur de l'échec mêlées pourraient rendre la rencontre ni désirée ni souhaitée.

Que les trois hommes se trouvent dans la situation de devoir solliciter eux-mêmes l'hospitalité !

Ca, c'est quelque chose dont l'actualité nous fait si souvent écho, au point que nous pourrions en arriver à en être fatigués, et ce faisant laisser s'émousser nos devoirs d'humanité.

En faisant l'invite, en s'élançant à leur rencontre, Abraham nous donne à voir ce qu'est un Juste. Plus que par la morale, ou le sens du devoir, il nous faut retenir un élan, celui d'un homme qui vit devant Dieu.

Il se trouve que le récit de ce moment d'accueil, de fête et de repos se poursuit dans le récit de la Genèse :

Il y a l'annonce qu'une promesse va se réaliser : Sara - contre toute évidence - va être enceinte ; elle aura un fils !

Annonce de la réalisation de la bénédiction au cœur de la chaîne humaine. Importance de cette bénédiction qui n'est pas que pour la descendance d'Abraham et de Sara, mais à travers celle-ci, bénédiction pour toutes les nations.

Abraham, homme de l'accueil, de la confiance, dans une disponibilité à la Parole qui l'a mis en marche, reçoit avec sa femme, ce qu'ils n'espéraient plus, ou ce qu'Abraham « espérait contre toute espérance ».

Puis, il y a cette annonce du projet de détruire Sodome et Gommhore, et la plaidoirie d'Abraham pour que les villes soient épargnées et non condamnées pour peu qu'il y ait dix Justes qui y vivent.

Au passage, je me permet de souligner combien, au milieu du chaos, la présence de Justes est signe qu'il y a un «avenir à espérer». Le témoignage des Justes, par leur présence et leur action bienveillantes, est bénédiction agie portée sur les territoires où ils vivent. On n'est pas Juste « pour soi ».

Pour beaucoup, le projet puis la mise en œuvre de cette destruction punitive et purificatrice serait signe d'une condamnation manifeste par Dieu de l'homosexualité masculine. Pour ma part, - mais je n'ai pas le temps de développer plus longuement ici - je crois qu'il n'en est rien.

M'apparaît évident que les cris qui sont montés contre ces villes rejoignent la plainte des humains de tous temps et de tous lieux contre l'esprit de corruption et de violence, contre le chaos que cela génère. Dans ce chaos et cette violence, il y a le refus de l'accueil de l'étranger, il y a la sempiternelle méfiance, et partant le désir de mettre la main sur lui, de prendre possession de ce qui n'est pas comme moi, et cette violence-là prend souvent la forme du viol !

Nous voilà donc dans le récit, avec deux annonces, une annonce de bénédiction dont la répercussion sera pour toutes les nations.

...et une annonce de malédiction, ce NON de Dieu porté sur toutes brutalités commises contre les enfants de la terre, frappés, meurtris, menacés à cause de leur différence, de leurs malheurs antérieurs, à cause de leur étrangeté. Violence qui se porte sur qui ne rentre pas dans les cases prédéterminées des bien pensances de chaque moment de l'histoire humaine.

Revenons à l'Accueil fait par Abraham aux trois hommes...

« Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux,

ne passe pas, je te prie,

sans t'arrêter chez moi, ton serviteur ! »

Il y a là une formule de politesse dans une forme d'intense dévotion, qui devait être initialement dans les récits initiaux une adresse plurielle («mes seigneurs»). Une politesse comme on ne saurait l'oser aujourd'hui. Une telle insistance nous semblerait être celle d'un fâcheux importun. Oui, il y a là une insistance pressante, celle de quelqu'un qui s'engage au travers des paroles qu'il formule. Abraham ne se contente pas d'accueillir, il va à la rencontre... Plus tard il prendra la peine de les accompagner, le temps d'un bout de chemin.

Mais voilà que le « rédacteur final », ou en tout cas une des dernières ré-écritures remanie et restructure le récit. La forme plurielle probable, « Mes Seigneurs », devient un singulier « Mon Seigneur » ou « Seigneur » tout court. Et ce passage au singulier vient soutenir une ambivalence dans le récit : qui Abraham accueille-t-il ? À qui s'adresse-t-il ? Qui lui parle ? Les trois hommes ou le Seigneur ?

Tout se passe comme si cette rencontre avec trois hommes était manifestation de la présence de Dieu, ce que le début du chapître nous laisse induire. Un sentiment nous parcourt et qui semble parcourir Abraham – intuitivement sans doute – que ces trois pélerins sont envoyés par Dieu, et même on soupçonne qu'il s'agit à travers eux du dialogue entre Abraham et Dieu.

Ce sentiment devient ceci qu'en accueillant les trois hommes, c'est Dieu lui-même qu'Abraham a accueilli. Ce Dieu qui porte sa bénédiction et sa promesse, sa malédiction et ses refus.

Ainsi, l'acte d'accueil de l'étranger, de celui qui se déplace, prend une signification nouvelle, un peu analogue à celle qu'on trouvera plus tard dans la bouche de Jésus de Nazareth, le Christ : « Ce que vous avez fait au plus petit, c'est à moi que vous l'avez fait ».

C'est ainsi, avec le regard renouvelé par la méditation de ce récit que je reçois la campagne lancée par notre Eglise et d'autres partenaires qui à l'occasion de notre fête nationale fait rythmer ensemble la devise républicaine, Liberté, Egalité, Fraternité, et cette conviction qui engage et invite à être partagée : « Exilés, l'accueil d'abord ».

C'est le résultat d'une demande du Synode National de Nancy (dont je me souviens bien, en ayant été le modérateur), après avoir entendu notamment le témoignage d'une pasteur de l'Eglise Evangélique Vaudoise d'Italie. Elle a évoqué devant nous cette initiative oecuménique portée par la Fédération des Eglises Protestantes d'Italie, la Communauté de San Egidio (réputée pour ses engagements en faveur de la Paix dans le monde) et la Table Vaudoise, initiative « Couloirs humanitaires », soutenue par l'Union Européenne, et qui est quasiment le seul projet de cette nature actuellement.

Pour beaucoup d'entre nous, je le sais bien, pour beaucoup de nos concitoyens, pour beaucoup parmi nos autorités, il y a une peur, une crainte, celle d'être débordés. Cette peur d'être devant des ruptures qu'on ne saurait maîtriser... Bien sur, tout étranger ne se comporte pas forcément comme dans notre récit de la Genèse comme un envoyé de Dieu (pas plus que nos responsables, pas plus que nous mêmes).

Mais les craintes ne sont pas toujours source de sagesse ni inspirées par elle, et risquent de confondre (au sens réel de confusion) crainte devant les effets possibles avec ces sentiments d'indifférence au sort d'autrui, voire d'hostilité ouverte, encouragée quand on fait appel à ce qu'il y a de plus bas et de plus vil dans le refus de l'autre.

On se trouve devant ce qui est la vraie faute de Sodome et Gomorrhe, la brutalité à l'égard de celui qui vient, l'entretien des peurs et la culture de l'hostilité.

Alors il nous faut revenir à cette formule ambivalente du récit de Genèse 18, formule à double signification, qui dit tout autant accueil de l'autre dans son humanité, et accueil du Seigneur. On ne peut les assimiler, mais il ne saurait y avoir de dissociation :

« Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux,

ne passe pas, je te prie,

sans t'arrêter chez moi, ton serviteur ! »

Il nous faut laisser une disposition en nous à ce que fut l'élan du père Abraham, le Juste. Qui était lui même un étranger voyageur, qui avait pris le risque de quitter son pays pour suivre l'appel de Dieu, « sans savoir où il allait », sans calcul, sans évaluation des risques.. par confiance.

Que celui qui a des oreilles, qu'il entende !

Abraham, l'homme de la confiance et de l'espérance, n'est-il pas

« celui qui attendait la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l'architecte et le fondateur » (Hébreux 11/10)

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 13:36

Si je traverse la vallée de l’ombre et de la mort (Psaume 23)

Si je traverse la vallée de l’ombre et de la mort (Psaume 23)

Nous avons les uns et les autres, comme tous nos compatriotes été frappés par les évènements de la semaine dernière ! L'accablement et/ou la rage, l'effroi et le désarroi. Nous sentons bien qu'une fois de plus c'est un mode de vie auquel nous participons qui est mis en cause. Une société qui s'est construit avec un désir de liberté. Mais cette liberté vécue si souvent sans y prendre garde, comme un naturel qui nous est du, vient nous rappeler à quel point elle est fragile !

Nous ne sommes pas forcément d'accord avec tout ce que signifie ce monde libre qui se batît peu à peu ! La course effrénée à la consommation, le pouvoir manipulateur de l'image partout présente, le culte de la performance et la gloire du vainqueur ne sont en tout cas pas ma tasse de thé ! Nous avions bien compris en début d'année que c'est chacun de nous qui était touché et non des cibles très symboliques parce que étiquetées journalistes, juifs ou représentants de l'ordre public. Il en est ainsi et de même quand on s'en prend au tout un chacun dans son temps de fête, de partage simple et débonnaire avec les autres : chacun de nous se trouve atteint. Mais nous avions presque oublié, ou en tout cas fait comme si.

Il nous faut mesurer que ce vent de l'ombre et de la mort, d'autres y sont confrontés jour après jour, dans des pays et sociétés mis à feu et à sang, devenues invivables... Ce qui est venu frapper nous rappelle que ce n'est pas que chez les autres, et que ce dont nous vivions dans l'insouciance, avec égoïsme parfois, a une saveur plus forte que ce que nous ne le pensions.

Nous voilà atteints, et maintenant nous prenons la mesure que cette menace peut durer, que nous n'en sommes pas exemptés !

Le psalmiste nous conduit tout du long du Psaume 23 dans un chant étrange de la quiétude et de la sérénité des plus étranges... qui peut nous interroger. « Je ne manquerai de rien » et au fil du chant qui s'égrène, tout va bien pour lui ! En tout cas il semble. Ce chant de caravanier ou de pèlerin nous dit pourtant en creux tout ce qu'il faut affronter : le manque, l'aridité, les adversaires, et ici la traversée de l'ombre et de la mort !

les premières choses ont disparu (Apocalypse 21)

en écho au chant psalmiste l'auteur du rêve de la Révélation de Jésus-Christ nous affirme que les premières choses ont disparu, que la mort, le deuil, les larmes, l'effroi ne sont plus. Et pour lui à la fin de son rêve, c'est une proclamation : les premières choses ne sont plus ! Or, à sa manière, tout le livre de la Révélation nous dit le combat, les peurs, les souffrances, la violence ! Et c'est pour proclamer que les premières choses ont disparu. Pour ceux qui croient que le livre de l'apocalypse nous parle des temps derniers, lointains, il y a une vague esquisse d'un avenir qui n'est pas encore. Je suis de ceux qui tiennent qu'il ne s'agit pas de demain, mais que la proclamation est déjà notre contemporaine, et ce depuis le petit matin de Pâques.

La descente de la Jérusalem Nouvelle a déjà eu lieu (nous le chanterons à Noël, puis à Pâques), car l'Emmanuel (Dieu avec nous, Dieu avec les hommes) est venu faire résidence avec nous.

Et c'est au cœur de la tourmente qu'il vient projeter son rêve pour proclamer que la mort n'est plus...

Comment recevoir une telle proclamation ? Comment entrer dans cette vision radicalement inverse à ce sentiment qui nous touche, nous plombe ?

C'est précisément là que le centre de notre affirmation de foi vient à la rencontre de nos vie qui traversent la vallée de l'ombre et de la mort.

Nous sentons-nous à même de proclamer autrement que du bout des lèvres que Christ a vaincu la mort ? J'en doute un peu, même si nous le voulons, c'est presque au delà de nos forces et de ce que nous pouvons engager... de nous même...

Et pourtant, au début de son ministère, début de sa parole publique, Jésus s'élève sur une montagne, et y entraine un auditoire. Il leur dit :

Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !

Heureux ceux qui sont miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde! (Matthieu 25)

Heureux, ou Debout, ou En route, les doux..

Les doux ? Oui, ceux qui se font toujours marcher sur les pieds, ceux qu'on écarte, ceux que les violents et les brutes assaillent toujours : « ote-toi de là que je m'y mette »... les doux ! Toujours écartés de la possibilité de vivre en paix, toujours arrachés de l'endroit où ils voudraient vivre dans la quiétude...

Il leur est promis qu'ils hériteront la terre, qu'ils pourront l'habiter : ils ont une raison de vivre, non parce qu'ils sont victimes, mais parce qu'il n'y a de vraie vie sur cette terre que quand on se met dans le sillage de ce regard posé sur la vie. Regard qui nous laisse incrédule car non réaliste, regard insupportable pour ceux qui ne connaissent que la violence comme raison d'être et de vivre.

Contre toutes nos lucidités les plus raisonnables, les doux hériterons la terre, ils y seront les témoins de la vie.

Qu'ils ne restent donc pas prostrés comme des victimes, qu'ils ne se terrent pas comme si leur exclusion était actée, qu'ils vivent en prenant le risque de la douceur. Sans les doux, il n'y a pas de vie sur cette terre.

Quand aux miséricordieux, ce sont ceux qui aident la vie à surgir, ceux qui la rendent possible. Ceux qui osent construire un monde neuf qui sort de sa matrice. On nous dit souvent que les Protestants ce sont ceux qui résistent, voire qui s'opposent.. on ne sait même plus contre quoi ou contre qui...et chez nous on est tellement content d'être « réboussié »... Mais sur la Montagne, au milieu de ceux qui commencent à le suivre et à l'écouter, Jésus parle du monde neuf à faire naître !

Et croyons nous qu'il était moins violent le temps de Jésus ? Et croyons-nous qu'aujourd'hui l'horreur serait différente que celles de ce monde d'alors ?

Je crois vraiment que le propos de Jésus est comme une folie insensée, mais j'aime à y replonger... car il m'enseigne et aucun autre maître ne me dit de telles choses, insensées, mais qui ouvrent au sens de la vie, qui m'invite à tourner mon regard vers ce qui est essentiel !

Continuons notre parcours de ce matin par un retour à la proclamation de fin du rêve de Jean de Patmos, la vison de la Jérusalem Nouvelle !

Ses portes ne se fermeront jamais pendant le jour — or là il n'y aura pas de nuit. (Apocalypse 21)

« Nuit, nuit, tu me fais peur, Nuit tu n'en finis pas.. » chantait la jeune fille dans un vieux film à propos de son père alcoolique qui fuyait et qui lui volait sa vie.

Dans leur ubris, dans leur ivresse, les faiseurs de mort, les faiseurs de peur, viennent nous voler notre vie... la rendre invivable.

Ils sont la réalité concrète de la vallée de l'ombre et de la mort.. Ce qu'on appelle la nuit.. là où on se terre, là où se nichent nos peurs, nos angoisses, nos longues attentes sans souffle qui espèrent la vie mais ne savent si elles pourra advenir, ni si le jour viendra.

Et là dans la Jérusalem Nouvelle, on nous dit que les portes de la citadelle ne se fermerons pas le jour, ni jamais puisqu'il n'y a pas de nuit, puisqu'il n'y a pas de peur, puisqu'il n'y a plus le risque de ces voleurs.

Monde idéal ? Monde imaginaire ? Rêve pour fuir le réel ?

En partie sans doute, et le rêve de Jean de Patmos, dans son chaos relève un peu de cela : mettre en images une réalité violente insupportable... mais là dans cette proclamation de la Jérusalem Nouvelle il arrive au terme de son combat intérieur contre la peur.

Il proclame que le Ressuscité du petit matin de Pâques ouvre un horizon qui est pour nous aujourd'hui.

Mais qui veut le croire ? Ils avaient du mal au 1er siècle ; nous avons le même mal de croire ainsi au fond de nous, au 21ème.

Mais mes bien aimés, c'est pour cela que nous sommes invités à relire et revenir sans cesse aux Ecritures.

Pas tant pour y chercher je ne sais quelle morale à imposer au monde, qui pour y trouver le cheminement qui nous fait se confronter notre réel violent, et tout ce qu'il provoque en nous avec ce que signifie l'enseignement de Jésus le Maître, l'Emmanuel, Dieu qui fait résidence avec nous, témoin de la victoire déjà acquise de ce qui fait vivre sur ce qui fait mourir.

Pas sur que comme citoyen de mon pays, je puisse fonder mon propos sur celui-là, dans ce monde des réalités premières, qui sont bien là qui viennent fracasser ma porte. Pas sur que ce soit la lettre que je puisse avec conscience et raison envoyer à mon Président ou son premier ministre... Pour justifiées que puissent être les décisions prises en matière de sécurité, de défense, pour jsutifiés que soient les appels à la cohésion nationale, rien de ces mesures humaines ne me tournera vers ce qui me vient du Dieu présent dans ma vie.

Ainsi, malgré tout ce qui me fais vaciller, je relis le psaume 23

(Si je traverse la vallée de l’ombre et de la mort)

je n’aurai pas peur du mal car tu es avec moi (Psaume 23)

et je me dis que quand le Mal, la puissance de l'ombre et de la mort, la puissance du néant qui vient nous déshumaniser vient au cœur de nos vies, je suis invité à la confiance en la victoire de l'amour, de la vie, et en être témoin.

C'est ce dont nous pouvons être les témoins, les uns pour les autres, et pour nos concitoyens.

Je ne serais pas anéanti par le règne de la peur, car tu es là !

Amen !

PSAUME 23

Mon SEIGNEUR me conduit et me garde ; je ne manquerai de rien

Dans des contrées d’herbage il me fait m’étendre

Sur l’eau de la tranquillité il me fait me rendre Il me fait revivre

Il me conduit sur les sentiers de la justice pour l’honneur de son nom

Si je traverse la vallée de l’ombre et de la mort je n’aurai pas peur du mal car tu es avec moi

Ton bâton et ton support seront mon réconfort

Tu prépares pour moi la table en face de ceux qui m’agressent

Tu tremperas ma tête de parfums et ma coupe est plénitude

Il n’y a que le bonheur et la bonté pour m’accompagner tous les jours de ma vie

Et je demeurerai dans la maison de Mon SEIGNEUR à longueur de jours

Adaptation à partir des versions « Gloires » d’Henri Meschonnic et version œcuménique du psautier liturgique

Matthieu 5/1-10

Voyant les foules, il monta sur la montagne, il s'assit, et ses disciples vinrent à lui. Puis il prit la parole et se mit à les instruire :

Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !

Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !

Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre !

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !

Heureux ceux qui sont miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde!

Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu !

Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux !

Apocalypse 21/1-4 ; 22-26

Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, la Jérusalem nouvelle, prête comme une mariée qui s'est parée pour son mari. J'entendis du trône une voix forte qui disait : La demeure de Dieu est avec les humains ! Il aura sa demeure avec eux, ils seront ses peuples, et lui-même, qui est Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu.

Je n'y vis pas de sanctuaire, car le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, est son sanctuaire, ainsi que l'agneau. La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour y briller, car la gloire de Dieu l'éclaire, et sa lampe, c'est l'agneau. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. Ses portes ne se fermeront jamais pendant le jour — or là il n'y aura pas de nuit. On y apportera la gloire et l'honneur des nations. Il n'y entrera jamais rien de souillé, ni faiseur d'abomination ou de mensonge, mais ceux-là seuls qui sont inscrits dans le livre de la vie de l'agneau.

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 22:53

 

Prédication du 24 novembre 2013 au temple de l'Oratoire

 

à l'occasion du Culte de la Cité

 

LECTURES : Exode 19/3-6 et Colossiens 1/12-20

 

Je vous ai portés sur des ailes d'aigle et je vous ai fait venir à moi.  (Exode 19/4)

 

Libérés de l’autorite des ténèbres

Transportés dans le Royaume du Fils Bien-Aimé   (Colossiens 1/13)

 

 

 

 

Nous venons de l'entendre : où se fonde toute notre espérance, à savoir dans la rencontre par laquelle le Crucufié-Ressuscité vient donner à ses amis l'assurance de la victoire sur la mort.

 

Pour l’apôtre Paul, c’est par cet événement que nous sommes radicalement libérés. Libres, pour des décisions libres et responsables.

Mais cette liberté ne saurait être un absolu, ni un but terminal, elle est le commencement d’une aventure, d’une relation rendue possible.

 

Libres, ils l’étaient devenus, les esclaves hébreux sortis de leur servitude, passés hors de la terre d’Egypte. Là aussi, il ne s’agissait que du commencement d’une relation. «Je vous ai fait venir à moi.»

Une sortie de servitude qui résonne comme une nouvelle naissance.

Une relation rendue possible, qui se vit avec l’espérance au cœur !

 

Sortie d’Egypte, sortie des ténèbres… c’est de l’agir de Dieu dont les textes nous portent l'écho : «Transportés dans le Royaume du Fils Bien-Aimé», «Je vous ai portés sur les ailes d’aigle».

Venir à Dieu, être accueillis dans le Royaume, c’est le commencement d'une relation faite de service, dans les deux dimensions indissociables que nous lui accordons, la liturgie et la diaconie. Le culte et l’entraide, la Louange et la Justice ! Voilà que s’esquisse, chemin faisant, la réconciliation avec Dieu, avec les autres et avec nous-mêmes !

 

En nous abreuvant à cette source, c’est un regard particulier que nous sommes appelés à porter sur nous-mêmes et sur le monde.

Et c'est ce regard qui nous porte à partager avec les hommes et femmes de bonne volonté ce qui rend possible une terre habitable.

 

La société où nous vivons n’est pas un pis aller, elle n’est pas en soi le lieu des ténèbres dont il faudrait se détourner ; bien au contraire, elle est le lieu où la Parole vivante nous atteint, nous relève, nous éclaire.

La société où nous vivons est celle-là même qui est invitée par vocation à sortir du pouvoir des ténèbres, de la fatalité, de l’anéantissement, de tout ce qui déshumanise. Elle est le lieu où vient retentir la protestation que Dieu émet pour l’homme, en faveur de l’humain.

C’est là que nous sommes invités à vivre l’espérance, et à en être les témoins.

 

Protestation pour l’homme, qui appelle une protestation pour Dieu.

Contre toutes les idoles, contre les contre-façons, contre toutes les idoles, contre les tentations de prendre pour divin ce qui n’est qu’humain, contre les seigneuries qui veulent abusivement s’emparer de nos vies.

Et de façon souvent non religieuses en apparences, il ne manque pas de nouvelles sacralisations, y compris une certain forme d’auto - célébration de l’homme pour lui-même en un nombrilisme ou un narcissisme qui ne peut que nous mener vers la détresse et la résonnance en boucle du néant.

 

Ainsi, cette double attestation, pour Dieu, et pour l’homme, est-elle une, sans confusion ni distinction, et elle nous invite à une parole publique, pour dire, pour proclamer l’espérance dans l’espace public.

 

Un débat géographique est en train de se lever dans notre pays pour savoir où est l’espace public, et où l’espace privé ; de sorte qu’on puisse assigner les religions dans la seul sphère privée [il ne resterait ainsi que l'alcove ? Et encore !] par je ne sais quelle injonction de se terrer muettes et coites dans la sphère publique...

Nous ne saurions agréer cette conception de la laïcité, même si nous pouvons entendre l’avertissement à la sagesse et l’humilité que l’histoire nous adresse.

Cette notion de sphère publique ou sphère privée ne figure pas dans la Loi de 1905. Elle n'en est qu'un commentaire, nouveau lieu commun souvent utilisé à l'encontre même de cette belle loi de liberté.

 

En 313, soit il y a 1700 ans, l’Empereur Constantin accordait le rescrit de Milan, soit rendre licite l’exercice du culte chrétien.

Il faisait sortir le christianisme d’une éprouvante persécution, mais également de ces périodes beaucoup plus longues dans l’histoire de l’Empire romain où le christianisme, sans être licite comme religion publique à l’égal des autres, était bon an mal an toléré comme une affaire privée.

Ce faisant commençait par retour de balancier ce chemin qui allait porter, avec Théodose sept décennies plus tard, le christianisme «tel que le confesse l’évêque de Rome» au statut d'unique religion admise dans l’Empire. Et ce long chemin où la chrétienté s’est fourvoyée en occultant la puissance subversive de l’Evangile, pour la mettre au service des puissants de ce monde. Quand elle ne s’est pas fourvoyée en voulant en imposer aux puissants de ce monde, s’emparant ainsi de l’autorité de Dieu pour des intérêts particuliers.

Quand Paul nous dit que «trônes, seigneuries, principats et autorités ont été créées par lui et pour lui», cela signifie que nous ne conférons aucune sacralisation à ce qui relève comme chacun d’entre nous de l’état de créature humaine. Les principats, les pouvoirs ont comme légitimité de rendre possible la vie humaine en société, de tendre vers la justice et la paix ; mais leur légitimité se fonde et se vérifie dans ce qu’ils mettent en œuvre, et nullement dans une auto-fondation.

 

Le discernement nous invite à être vigilants quant à la vie publique et la façon dont les Eglises y prennent place. Assurément, l’espace de la délibération politique ne saurait fonder ses décisions sur les critères religieux (et c’est liberté pour les pouvoirs publics, et c’est liberté pour les proclamateurs de l’Evangile). Mais l’espace public, comme agora, lieu des échanges, lieu de la vie ne saurait être interdit aux expressions de foi ou de convictions. Ce serait une aseptisation des liens humains, une éradication de ce qui est une des richesses du patrimoine humain. Et ce que nous revendiquons pour nous, nous le revendiquons pour les autres.

 

Au demeurant, quelle folie que croire qu’on puisse faire taire l’élan spirituel et le cantonner dans je ne sais quel parc grillagé ou muré ! On ne fait pas taire l’espérance en actes ! Pour ce qui nous concerne, parce que notre confiance est en Dieu, nous vivons et partageons cette espérance au cœur même de nos engagements dans le monde, et qui pourrait empêcher l’écho de cette espérance de faire résonnance avec les attentes et préoccupations de nos contemporains ?

 

La Parole chrétienne n’a pas à se substituer aux hommes et femmes qui font les lois, qui les élaborent… mais dans notre diversité, il nous appartient d’être les témoins vivants d’une Parole qui accorde place privilégiée aux plus petits, aux plus faibles, qui relève celui qui était tombé, qui appelle au respect de la parole de l’autre, qui invite à se réjouir de la dignité de l’autre : une Parole qui vient nous délivrer de nos peurs, de nos exaspérations, qui nous invite à considérer

tout être humain comme aimé par Dieu.

A ce titre, nous rejetons toute forme de racisme, de xénophobie.

 

Cette Parole assurément est Parole de liberté.

Aucune instance humaine ne saurait nous dire là où cette Parole est légitime, et là où elle ne le serait pas.

 

Dans la confiance et l’espérance, avec les autres, nous voulons poursuivre notre combat pour une Eglise qui soit rencontre des égaux, espace de liberté, école de responsabilité.

 

AMEN

 

 

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 16:02

Avec ce récit concernant le comportement de Pierre au moment où, arrêté au jardin de Gethsemané, Jésus va comparaître devant les plus hautes sommités religieuses (le Sanhédrin), nous voilà mis devant la réalité de notre parcours de vie, de notre parcours de foi. Et apparaît avec force une difficulté toujours bien réelle : la difficulté à prendre la mesure de la signification profonde de la mort honteuse de l’innocent sur la Croix, et de sa résurrection.


On peut avancer que nos vies ne se jugent pas sur un moment particulier de nos vies, sur ce qu’on appellerait aujourd’hui un « Arrêt sur image ».

Toute notre existence est ce long cheminement jamais achevé de la réception pour nous, au plus profond de nos existences, de ce que la Croix et la Résurrection ouvrent comme horizon si radicalement nouveau.

 

Laissons un instant le récit biblique , et allons plus avant dans le temps, pour prendre la mesure de cette affirmation en commentant deux faits de l’histoire de l’Eglise.

 

            Entre 217 et 222 de notre ère : l’évêque de Rome, Callixte 1er, accorde le pardon de l’Eglise et le rétablissement dans leur ministère aux prêtres ayant abjuré leur foi pour sauver leur vie, puis qui se sont repentis.

C’est le temps des persécutions qui se succèdent à Rome contre les chrétiens. De nombreux membres des communautés subissent le martyr (dépouillement, perte des droits civiques, déportation ou mort en public voués à la honte collective). Parmi les personnes arrêtées, certains fuient et se cachent en attendant des jours meilleurs, d’autres encore abjurent, et parmi ceux qui abjurent, des prêtres.

            Pour certains chrétiens fidèles, cette abjuration est cause de scandale, c’est une infamie qui doit éloigner ces hommes à tout jamais : ils ont entaché la communauté et ils doivent porter leur condamnation.

Callixte, évêque de Rome, lui, les accueille, les réintègre. Ils ont trébuché ? Ils sont tombés, cause de scandale ? Leur repentance doit être reçue. Le rétablissement dans leur fonction sacerdotale est pour eux la possibilité de témoigner, en martyr s’il le faut. Car revenir vers l’Eglise, reprendre le chemin un instant abandonné, c’est prendre le risque d’une Parole qui engage, jusqu’à la mort.

Callixte se souvient-il du récit de la femme adultère dans Jean 8 ?

Ou se fonde – t – il sur les récits évangéliques du reniement de Pierre ?

 

            Callixte en tout cas connaît la tradition de l’Eglise. Selon cette tradition, Pierre est mort en martyr lors des persécutions de Néron (les documents pontificaux parlent même de la date du 29 juin 67). Selon cette tradition, Pierre, le renieur, comme Paul, l’ancien persécuteur, tombent dans la tourmente de la persécution. On raconte même que Pierre aurait demandé à être crucifié la tête en bas, revendiquant ainsi d’être inférieur en tout point à son Maître, Jésus le Crucifié - Ressuscité. Comme la tradition est toujours enrichie d’anecdotes, il y a même avant la crucifixion de Pierre, le récit de « Quo vadis, Domine ? », qu’un grand péplum américain a reprise. A quelques lieues des murailles de Rome, sur la Via Appia, vers le sud, on nous dit que Pierre fuyait la persécution, partait vers Capoue se réfugier, en attendant que l’orage passe.

Ayant fait quelques lieues, voilà qu’il croise le Seigneur qui marche à grand pas en sens inverse, se rendant vers Rome.

« Quo vadis, Domine » ? « Où vas-tu Seigneur ? ». « Eh bien, puisque tu t’en vas, je vais me livrer et mourir à ta place, parmi les autres martyrs ». Alors, nous dit-on, Pierre rebrousse chemin et s’en va accomplir son témoignage, jusqu’à la mort·.

 

Laissons de côté ces deux éclairages historiques : ils nous aident à percevoir l’importance de la Croix et du Tombeau Vide pour nos vies de croyants.

Quand Matthieu écrit son Evangile, on connaît la fin tragique de Pierre, et son témoignage non-violent dans la capitale de l’Empire Romain, se laissant condamner et supplicier comme d’autres témoins issus de cette Eglise dont il est l’évêque.

Celui qui écrit le récit du reniement de Pierre, comme celui qui le lit à l’époque, savent comment Pierre a témoigné, et avec quel courage. Ainsi si le texte évangélique ne dit rien de la fin de Pierre, celui qui écrit et lit savent de quelle courageuse manière Pierre a témoigné. Entre le reniement et le temps de la prédication de Pentecôte puis du martyr à Rome, que s’est-il passé ? La Croix et la rencontre avec le Ressuscité !

Mieux même, c’est à celui qui a renié trois fois que l’annonce du tombeau vide sera faite en premier, et c’est à lui en premier que le Ressuscité se manifestera.

 

« Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen ».

Avant même que le mot n’existe, l’étiquette de CHRETIEN était apposée sur Pierre ! Ce n’est pas lui qui témoigne, ce sont des gens hostiles, menaçants, tout emplis de l’excitation et de la fureur de l’événement en train de se vivre, ce sont ces gens hostiles qui le mettent en situation de témoigner, presque malgré lui.

Et Pierre se dérobe : « Je ne sais pas ce que tu vaux dire ».

                                      « Je ne connais pas cet homme ».

    puis, se mettant à jurer, sous peine de malédiction « Je ne connais pas cet homme ».

            Facile de lui jeter la pierre : mais mettons-nous à sa place. Les héros ne courent pas les rues. Ne nous y trompons pas : si ce récit intervient dans les 4 récits évangéliques, c’est que nous les tenons de Pierre lui-même. Du début de la prédication chrétienne jusqu’à son emprisonnement et à sa mort, Pierre a du le raconter je ne sais combien de fois, ce récit.

 

            Imaginons un instant que nous écoutons un résumé de la prédication de Pierre : « J’étais un des tout premiers à m’être levé et à l’avoir suivi. J’ai mis toute mon énergie et toute ma fougue à l’écouter et le servir. Si souvent il m’a rabroué, me disant que je n’avais rien compris : il y a des moments où le Maître a été très dur et cassant à mon égard ; mais c’est vrai que j’étais si maladroit et « dur à la comprenette ». Pourtant ma flamme ne baissait pas et je faisais tout pour le protéger, même malgré lui. Il représentait tellement pour moi que quand ça a commencé à être tendu, qu’on sentait que ça pourrait mal se finir, j’étais prêt à me battre, à tout risquer pour lui. Je le lui ai dit : « Jusqu’à la mort, je te serai fidèle ». Et puis, tout s’est déroulé si vite ! Et je ne savais plus que faire ; sans lui j’étais perdu. Et je l’ai renié. « Malédiction soit sur moi ! ». Et pourtant, maintenant, je sais qu’il m’a pardonné ! Quand il est mort sur la Croix, moi, le témoin de toute sa prédication et de ses rencontres, je n’étais pas là. J’errais dans la peine d’avoir perdu mon ami, et dans la honte de l’avoir abandonné, laissé seul, et renié. Perdu pour toujours. Comment allais-je pouvoir reprendre contact avec les autres après ce que j’avais fait ? Et il m’a envoyé chercher pour qu’on m’annonce la Bonne Nouvelle du tombeau vide, et il m’est apparu, pour que je sois témoin qu’il ne fallait pas chercher parmi les morts celui qui est vivant ! »

 

            Nos parcours de vie ne sont peut-être pas aussi riches ni mouvementés que celui de Pierre. Mais nous voilà invités à ne pas nous tromper de témoignage. Nous avons vécu et vivons parfois l’enthousiasme de la foi : un enthousiasme qui aux plus forts moments ne veux douter de rien. Certains d’entre nous ont du chanter, à l’Ecole du Dimanche, et même après « Jusqu’à la mort, nous te serons fidèle, / Jusqu’à la mort, tu seras notre Roi… ». Nous apportons un soin plus ou moins scrupuleux à être de « bons chrétiens », de « bons et dignes amis du Galiléen ». Nous avons en mémoire les moments forts de nos engagements dans la vie chrétienne et dans la vie de foi.

            Mais nous savons qu’il est des moments où tout se précipite. Dans les moments déchirés de nos vies, nous perdons le chemin du temple parce que nous ne nous sentons plus dignes, parce que nous avons peur du regard des autres, parce que nous avons l’impression d’avoir commis un irréparable ! Ou alors, nous allons au temple mais nous nous sentons indignes de communier, et ne nous approchons pas de la Table du repas où le Seigneur nous invite.

            Parfois nous rencontrons des gens qui se sont éloignés de l’Eglise parce qu’ils ne la trouvent pas assez fidèle, ou parce qu’ils en veulent à l’Eglise d’avoir été injuste, ou de ne pas être sur la bonne voie, … Il y a tant de reproches à faire, à la plupart d’entre nous, un à un, comme à nous tous, quand nous somme Eglise ensemble.

            Au moment où le coq chante, c’est la fin de la nuit. Dans la nuit du monde, dans la nuit tâtonnante de nos vies, nous nous heurtons si souvent à nos contradictions, à nos malentendus et à nos incompréhensions, à nos peurs aussi. Au bout de la nuit, le coq chante et il nous semble que nous avons failli, que c’en est fini : nous voilà sous la condamnation. Et pourtant, il y a pire que la nuit du reniement : il y a le ciel obscur sur Golgotha, là où le Seigneur plonge au plus profond des détresses et vilenies humaines. Mais il y a le petit matin de Pâques, et sa lumière qui a chassé l’épaisseur de la nuit.

 

            Le message du reniement de Pierre, qui est celui de chacun d’entre nous à notre mesure, à notre manière, est pourtant simple : je mettrais toute la volonté et la fougue que je voudrais, je ne suis qu’un maladroit pouvant trébucher au premier obstacle. Sur les chemins où le Maître m’appelle à cheminer avec Lui et avec mes frères et soeurs en humanité, je ne suis qu’un témoin imparfait et non fiable.

            Et c’est pour moi que le Maître s’est donné. Par le don de lui-même il a porté mes lâchetés et mes abandons, mes reniements ou mes omissions. En ressuscitant, c’est à moi qu’il s’adresse, venant à ma rencontre : « tu peux tout recommencer, tu peux naître de nouveau : regarder ta vie passée, et repartir à zéro, avec Jésus pour Sauveur ».

            Le mystère de l’Eglise, ce n’est pas la fidélité de chacun de nous : c’est la fidélité toujours renouvelée de Dieu ! Pour que nous vivions de la vie qu’il nous offre.

 

 

                                                                                                          AMEN !

 

        



· On peut lire ce récit détaillée dans « La légende dorée » de Jacques de Voragine, éditée en 2 tomes chez Garnier-Flammarion.

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 15:52

PREDICATION à plusieurs voix du 06 11 2005

 

Après que Jésus eut achevé ces discours, la foule fut frappée de son enseignement ;  car il s’exprimait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes. Mt 7/28-29

 

B.

En préparant le culte de «  la réforme », je me suis aperçue combien il était difficile d’innover, de changer nos façons de faire, de voir ou de dire.

Notre groupe avait pour souhait de créer une atmosphère différente.

La question qui se posait : «  qu’est ce que nous souhaitions changer réellement lors de nos partages de nos  moments de cultes ? »

Nous sommes restés plusieurs soirées, et même avec plusieurs pasteurs à nous questionner . Les idées ne fusaient pas . .. : c’était en fait un exercice plus difficile que ce qu’on en avait pensé au départ . Alors jean Christophe, nous a proposé d’écrire quelques lignes personnelles , voilà donc ma réflexion :

Notre difficulté à nous exprimer, est ce le souci de choquer la communauté de l’uzège ? ( risquant alors de vouloir exiger des autres ce que je ne suis pas prête à faire moi-même !)

Ou est ce l’inquiétude de témoigner de ma foi devant les autres ( risquant alors de laisser transparaître ma distorsion entre mes paroles et mes actes !)

Ces questions si difficiles pour nous à proclamer distinctement, Luther, lui les a placardées, témoignant ainsi encore aujourd’hui du courage, de la volonté et de la puissance de l’esprit de Christ au milieu des hommes (Luther risquait beaucoup plus « gros » que notre groupe). Je suis reconnaissante à Dieu pour ces changements que Luther a déclanché au sein de l’Eglise, et qui nous permettent aujourd’hui d’appartenir à l’Eglise Réformée.

Le changement de nos perspectives, de nos regards, de nos cultes, de nos moments de partages, n’ont de sens pour moi que s’ils se trouvent guidés par l’Esprit du Christ. Cet Esprit, que je cherche, espérant qu’il m’accompagne, mais aussi si difficile à affirmer, je le prie aujourd’hui pour qu’il souffle sur notre paroisse, afin que la Réforme de nos vies soit à chaque instant en chacun de nous affermie par l’Esprit Saint . 

 

JEAN-CHRISTOPHE

La communication est un art difficile, et la tâche pastorale en est parfois malmenée. La question proposée au groupe Starter portait sur les grands principes de la Réforme… et pour ce moment de méditation du texte biblique, savoir si l’affirmation unanime des Réformateurs de « l’autorité souveraine des Ecritures » était toujours d’actualité pour nous aujourd’hui.

Et toi, B., tu étais pré-occupée par celle-ci : «  qu’est ce que nous souhaitions changer réellement lors de nos partages de nos  moments de cultes ? »

Et derrière cette formule arrive ton aspiration à vivre plus manifestement du souffle de l’Esprit que tu cherches… espérant qu’il puisse mettre notre Eglise locale en chemin. Si je relève le propos ainsi, c’est que, depuis mon arrivée à Uzès, c’est cette pré-occupation-là que j’ai sentie, entendue sous des formes différentes chaque fois.

            En un sens, la quête, l’appel à l’Esprit, est un de nos plus beau et plus désarmant geste. Il manifeste une attente, une espérance, mais même si nous nous le cachons parfois, cela dénote aussi une détresse, une peur. Peur de nous-mêmes, peur des autres, peur de prendre le risque d’une aventure, d’une relation renouvelée.

            En cela, notre souci porte surtout sur l’Eglise, sur sa vie, sur son rythme sur son attrait, sur ce qu’on y vit, sur ce qu’on y reçoit.

            Un théologien catholique, il y a près de 100 ans disait : « Jésus est venu proclamer la venue de Royaume…, et c’est l’Eglise qui est venue ! ».

 

            La Bible nous rapporte l’écho de rencontres, de relations, de gestes… qui sont autant de manifestations de la Parole agissante de Dieu. Mais dans le souci du « geste », du « faire », de l’ « agir », nous risquons de ne pas prendre le temps de remonter un temps à la source. Il y a deux endroits où l’on peut entrer en relation vivante avec le Dieu qui se rend présent à nous par Jésus-Christ : La Bible, et la rencontre avec l’autre, le plus petit, le plus éloigné… Un des rappels des Réformateurs au travers de l’Autorité souveraine des Ecritures, c’est qu’aucune autorité, aucun groupe, ne peut se substituer à moi pour la rencontre personelle à laquelle je suis invité au travers de la méditation des Ecritures. Mais les Réformateurs se sont aussi élevés contre un illuminisme, selon lequel le souffle de l’Esprit manifesterait la présence de Dieu dans ma vie, indépendament du labeur astreignant, parfois enrichissant, parfois déroutant, souvent ingras, de lecture et de redécouverte du texte biblique.

Il faut prendre le temps de ce chemin, chemin lent, parfois ardu, assurément exigeant de la lecture personelle et collective des textes pour les méditer en notre cœur et en notre intelligence. La question du faire, du changer, vient après, seulement après.

Voilà ce que peut nous rappeler un temps de commémoration des temps de la Réforme protestante du 16ème siècle.

 

C.

Le culte de La Réformation est-il toujours d'actualité ?

Mon premier sentiment, c’est  NON car l'on ne doit être "que" dans l'ouverture………

(de + en + de mariages mixtes, arrivées à ERF de personnes issues des Eglises Evangéliques, du catholicisme,…), et une minorité ne peut que mourir si elle s'autosatisfait;

Après en avoir discuté avec une amie, je révise mon sentiment initial, car il est bon de rappeler ce que l'on est, en particulier à nos enfants.

 

Dans le texte de l'Apocalypse 10, la Réformation a le goût du miel quand on l'écoute car elle fait plaisir mais ceci risque de nous "pourrir"les entrailles comme la sclérose de notre communauté.

Pour combattre la sclérose, portons la bonne nouvelle, c'est-à-dire : Edifier, Former, Témoigner, Servir »

 

JEAN-CHRISTOPHE

            C. pose devant nous la question de l’identité ! Et en matière d’identité, les protestants réformés ont des stocks à revendre… si il y a toujours ou encore des gens pour en vouloir. Parce qu’il faut bien le dire, le stock est un peu usagé. Les Eglises issues de la Réforme ont-elles encore une pertinence dans leur mode de vie et d’expression de la foi ? Nos façon de vivre ne sont elles pas « étriquées ». Je suis toujours interrogé en moi-même quand je constate les regards posés sur la « tribu » par des gens qui viennent d’ailleurs.

            S’il s’agit d’un célébration, auto-satisfaite, de notre identité, de notre passé, je partage ton sentiment : c’est voué à la disparition, au mieux un beau musée. En tout as ce n’est porteur d’aucun message.

            Pourtant, force est de reconnaître qu’aujourd’hui, plus que la quête du salut, l’inquiétude pour notre âme, la question majeure de notre temps porte sur notre identité. Au temps de la Réforme elle ne fait pas question. Aujourd’hui, nous vivons des identités brisées, morcelées, inadaptées…

            Et tout autour de nous, nous avons à faire à des replis identitaires forts, ou à des constructions d’identités nouvelles très enfermantes.

            Et Christian nous dit : « on ne doit être que dans l’ouverture » !

            Je dirai pour ma part qu’on ne peut être que dans l’ouverture. Mais pour quoi ? Afin que notre ouverture ne soit pas un principe en soi. que notre souci de la transmission ne soit pas une obsession de la transmission en elle-même, précisément en un temps où les supports, les contenants, les « media » deviennent en eux-mêmes des messages même s’ils n’ont pas de contenu, sinon celui de l’immédiateté, de la sensation de vivre « en direct » quelque chose.

            Il peut y avoir du miel à se rappeler les bonnes pages et les belles formules de la Réforme, mais l’amertume du nécrosé à en rester là.

            Pourtant le texte de l’apocalypse nous parle d’un livre, reprenant une image du prophète Ezéchiel.

 

J'allai vers l'ange, en lui disant de me donner le petit livre. Et il me dit :

« Prends-le, et avale-le ; il sera amer à tes entrailles, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel. »                   Apo 10/9

 

            Mais le livre n’est pas celui de notre histoire ou de notre identité. C’est celui qui contient une Parole vivante. et l’amertume ou le fiel dont il est question, n’est pas celui de la nécrose, mais celui de la révolte, de l’amertume que Dieu ressent dans sa contemplation du monde, nous invitant à partager avec lui, pour prophétiser et appeler à changer radicalement nos manières de vivre individuelles et collectives.

            Célébrer la Réformation, ce peut être prendre le temps de nous interroger sur ce qui justifierait un cri de révolte, d’indignation, pour le faire monter vers le Père des Miséricordes. Ce peut-être une occasion de nous interroger sur les changements auxquels nous sommes invités pour ne pas rester en nous-mêmes, comme si tout allait bien.

            Nous interroger sur ce qui peut mettre nos vies en route, avec une autorité assez puissante pour nous en donner le désir… plus que ne le ferons jamais les lois humaines, ou nos façons si juridiques et moralisantes d’entendre la Parole de Dieu.

D.

Sous la "loi" , c'est "oeil pour oeil dent pour dent" ,

mais selon le  principe de/sous la grâce , il ne faut pas insister sur ses droits mais  au contraire sur ce que l'on doit aux autres , c'est celà qui procure la  paix (Mat.5/38)


Sous la "loi", c'est " tu aimeras ton prochain et tu haïras ton  ennemi",

mais selon le principe de /sous le grâce, puisque Dieu fait du  bien à tous ("soleil" et "pluie" pour tout le monde), vous pouvez avoir des collègues de travail ou des voisins qui vous haïssent , faites-leur  du bien à chaque fois que  vous en aurez l'occasion , parce que vous  manifesterez les caractères de notre Père qui est aux cieux. Aimer seulement ceux qui vous aiment...facile!

 

Le "challenge" c'est de  s'élever au dessus de ceux qui n'ont pas de relation  avec Dieu (Mat.5/43). C'est pas gagné en ce qui me concerne... mais puisque Dieu sait ce que cela représente de courage et comporte de souffrances que de s'efforcer de lui être fidèle (Apoc10/9et10)..., j'essaie !

 

JEAN-CHRISTOPHE

 

       Tu essaies, j’essaie, il/elle essaie, nous essayons, vous essayez, ils/elles essayent ! 

Et comme le dit D., comme le disait B., c’est une quête avec ce que cela a de tâtonnant, d’hésitant, de toujours inachevé…

            Recevoir la Grâce de Dieu, et en vivre, c’est toujours ce chemin à recommencer, jamais acquis. Mais Jésus, enseignant sur la Montagne nous invite à une si haute et si belle élévation. Dans cette élévation, ce que tu relève, Dominique, c’est combien l’autre, le prochain, devient un nouveau critère majeur pour que nous puissions vivre cette si difficile élévation. Le changement de regard est sans doute là.   

Ma relation à Dieu ne sera pas ouverte quand au travers d’une introspection bien menée, j’aurais mis de l’ordre dans mon intérieur et tenté de mener une vie irréprochable selon les codes humains et divins. Non, ma relation à Dieu s’ouvre, quand mon regard sur la vie quitte le souci de moi même pour que l’autre devienne ce qui fait mon existence, ce qui m’ouvre le chemin.

 

Avec B., C. et D., nous avons pu esquisser ce que peut vouloir dire encore aujourd’hui « Etre PROTESTANT », si cela a un sens, si cela peut être utile aux autres.

 

 

 

PROTESTER C’EST AFFIRMER

 

pro-tester, attester pour…

 

Protester, n’est pas affirmation de soi…

 

Au moment même où nous réfléchissons sur la Réforme protestante, les Réformateurs et leur héritage, il faut accepter de commencer par se défaire, se dépouiller de notre souci d’identité. Nous ne pouvons exister par nous-mêmes ni pour nous-mêmes. L’affichage d’un tel protestantisme n’a pas grand sens !

C’est peut-être là un effort d’humilité dont nous sommes peu capables (et on peut le comprendre !). En soi, pour soi, le protestantisme n’a pas de raison d’être, n’a pas de vocation particulière : il n’est qu’un avatar de l’histoire humaine, commencé par un échec (ou un semi-échec) puisque la réforme de la grande Eglise n’a pas eu lieu et est devenue rupture, l’amenant du coup à se définir trop souvent « par rapport à », « contre »… Vivons en ce sens, comme une chance, la désaffection religieuse et le petit nombre que nous sommes : pas de quoi être fiers !

 

…mais témoignage rendu à Dieu qui appelle chacun-e par son nom, le libère et le soutient !

 

            Face à tous les discours insistant sur les mérites que l’on a à parfaire, à la participation à sa réussite (et à son salut), on reproche au protestantisme le côté passif auquel il inviterait, un côté misanthrope et anti-humaniste qui se dégagerait de cette façon de vouloir tout placer en Dieu, et devant Dieu.

            Et pourtant, voici l’aventure…

                                                           … elle vaut la peine qu’on la parcoure !

 

            Car il ne s’agit pas de « gagner » sa vie, ni de la « réussir » , ol s’agit de la construire, de l’habiter.

            Il ne s’agit pas de se placer dans un face à face comparatif avec les autres, ni dans cet effort incessant à vouloir être meilleur, le meilleur, pas même le détenteur de la Vérité.

            Pas de compétition, ni avec les autres, ni avec soi-même, pour savoir qui je suis, ce qui me fait être. Ce serait une course épuisante, sans achêvement, aux succés éphémères et aux lendemains amers. Ce serait vouloir se faire soi-même un-e autre que nous ne sommes.

            Confesser sa foi, s’engager, n’est pas un acte premier, et ça n’est pas l’acte qui me fait exister devant Dieu. Confesser, s’engager, c’est une réponse. Réponse touours à recommencer, toujours à refaire. Et cela, parce qu’on a reçu une Parole qui, elle, nous donne vie !

 

Ainsi, c’est devant Dieu que nous apprenons à nous tenir.

 

 

Protester, c’est dire une parole d’espérance, fondée sur les promesses de l’Evangile, dont la force et la pertinence sont dans le Seigneur, et en lui seul…

 

            Il s’agir bien de protester pour le monde, pour cette humanité que Dieu aime, ai point d’être venu y faire demeure (« y planter sa tente »).

            Se dépouiller de son identité « bricolée » pour en recevoir une, renouvelée, certes ! Mais cette identité, nous ne la recevons pas pour la vivre pour soi. Il s’agit d’une Parole pour le monde, là même où Dieu nous veut, adultes, libres et responsables.

 

            ETRE OU NE PAS ETRE, disait le roi Lear dans Shakespeare. Mais pour nous, il ne s’agit pas d’une alternative : nous sommes appelés à vivre les deux termes à la fois dans une tension féconde.

            ETRE DEVANT DIEU, c’est ne pas être prosterné devant les puissances qui dominent ce monde et si souvent nos vies, c’est ne plus se déterminer ni s’identifier par rapport à elles, ni se confondre à elles.

            ETRE DEVANT DIEU, c’est être pleinement, pour ce monde, porteurs d’une Parole qui ouvre et donne un sens, un contenu à notre histoire.

 

 

            En ce sens, le protestantisme, l’ « Eglise réformée toujours à réformer », nous ne pouvons les revendiquer comme une marque déposée : bien des gens dans d’autres confessions chrétiennes vivent de cette démarche là, la partagent avec nous.

            C’est ainsi que nous pouvons reconnaître dans les autres des signes que Dieu nous donne, au cœur de nos différences et disparités, au cœur de nos fidélités et de nos infidélités.

 

            Celui qui parle avec autorité, c’est justement le Maître, dont les livres bibliques portent jusqu’à nous l’écho de la Parole en acte. Il nous appartient de veiller à n’être point les nouveaux scribes, mais de laisser, sans prétendre la posséder, cet enseignement qui fait autorité traverser nos vies jusqu’à nous amener à « oser prendre le risque de la Parole ».

 

 

 

                                                                       AMEN

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 15:40

         Je voudrais commencer, ce matin, par cette affirmation du psalmiste :

 

Ta foi et ton salut j’ai dit

je n’ai pas dissimulé ta bonté et ta vérité

 

         Elle nous ouvre dans nos parcours de croyants, de chercheurs du sens que Dieu ouvre à nos existences, une perspective absolument fondamentale.

 

         En tout cas, dans mon cheminement personnel, je trouve là la dynamique d’un regard nouveau et l’invitation à recevoir au cœur de ma vie de croyant un rythme différent, nouveau : Et il a donné dans ma bouche un chant nouveau !

 

         Comme les captifs de l’esclavage en Egypte, comme Jonas enfermé au fond du ventre du poisson, il nous arrive de pousser des cris de détresse, d’évoquer le marais où l’on s’enlise sans espoir crédible de s’en sortir, mais plutôt avec la certitude d’être aspiré, anéanti, englouti. Il en est ainsi des jours où  

 

m’ont englouti       des malheurs        au point qu’il n’y en pas de nombre 

                m’ont rattrapé mes fautes        et je n’ai pas pu voir      plus que les cheveux de ma tête        et mon cœur [il faudrait lire « ma raison », « mon intelligence »] m’a abandonné.

 

         Ce temps-là est l’éloignement de tout, la mise hors de portée de l’espérance recevable, le temps du cri hurlé ou du soupir qui n’arrive pas à rendre l’âme mais vient obscurcir la densité du jour et exténuer la profondeur de la nuit.

 

         Le psalmiste en appelle au Vivant, Seigneur en qui il a remis son espérance désespérée, aux pieds duquel il a tout déposé, et retentit un hymne qui fait rupture :

Et il s’est penché vers moi    et il a écouté mon cri

Et il m’a remonté           d’un trou de tumulte      de la boue d’un marais 

Et il m’a mis debout les pieds sur un rocher        il raffermit mes pas.

         Au cœur de l’immobilité et de sa prégnance pesante, dévastatrice et négatrice de tout avenir, le psalmiste nous fait progresser dans une mise en marche, dans une mise en parole. Et il ne peut se taire car il a besoin, pour faire rupture avec le poids qui l’arrime et l’entraîne vers le bas, de faire retentir le chant nouveau au cœur duquel se déploie un nouveau regard, un surgissement inespéré et inattendu.

 

         Et qu’est-ce donc qui fait la bascule ? D’où vient le renversement ?

         De cette proclamation qui fait sens au plus profond de l’intériorité avant même d’être partagée :

Ta foi et ton salut j’ai dit        je n’ai pas dissimulé ta bonté et ta vérité 

         Nous avons l’habitude de parler, d’évoquer, de nommer, de recevoir le salut qui est en Dieu. Moins fréquent l’évocation de la foi, de la confiance que Dieu porte sur nous. Et c’est sans nul doute là que se manifeste quelque chose de surprenant et de renversant, qui vient renouveler toutes choses. Nous voilà devant un incompréhensible ; et cependant c’est par là que nous sommes invités au cheminement qui nous réconcilie avec Dieu, avec les autres, avec nous mêmes. Le Seigneur, le Vivant pose sur nous son regard, et nous investit de sa confiance, faisant acte de foi, d’espérance pour nous.

          Là sont la bonté et la vérité : précisément dans le renversement. Là où il y aurait lieu de la crainte, du tumulte, de la confusion et du chaos, sa Parole retentit comme un appel de confiance : j’ai foi en toi, j’ai besoin de toi. Tel que tu es,  je t’appelle et te ferai proclamer bien au-delà de ce que tu ne soupçonnes.

 

          Telle est l’aventure du jeune Samuel : être appelé pour porter la Parole qui s’était faîte absente ou rare en son temps. Telle est l’aventure des premiers disciples appelés sans comprendre pourquoi. Pourquoi eux ? Pourquoi moi ? et qui pourtant, dans l’appel qui leur est fait reconnaissent que quelqu’un est présent dans  leur vie. On insiste souvent sur la réponse de la foi. On souligne parfois l’incompréhension.

 

            Aujourd’hui je voudrais souligner la Foi, la confiance que Dieu met en nous. Pour que nous puissions nous renouveler, renaître, nous rassembler à sa suite.

 

             C’est là un rendez-vous majeur ! C’est là que s’ouvrent les pistes : non dans la réponse –qui compte bien sûr, puisqu’elle participe à la réception du sens et à la marche vers les possibles- mais dans l’appel ! Sans que je sache pourquoi, ni comment, le Seigneur, le Vivant, a foi en moi, pour m’ouvrir a l’existence, à la vie renouvelée, rendue à nouveau possible.

AMEN

 

 I SAMUEL 3/1-19 ; JEAN 1/35-51 ; PSAUME 40 

 

 

Culte à Saint-Quentin la Poterie le dimanche 15 janvier 2006

 

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 15:20

 

 

          Le texte que je vous propose aujourd’hui, essentiellement celui du premier livre de Samuel, a trait  à la Parole que Dieu adresse.

          Je ne puis m’empécher chaque fois que j’y reviens d’y voir de la part de l’auteur comme une facétie prétant à sourire. La mise en scène est soignée comme à dessein pour nous inviter à rire de la situation de nos personnages.

         Mais le sourire ou le rire qui sont ici produits ne peuvent relever que de ces rires émis quand il y a du désespoir, ou de l’absence de sens. Car ce vieillard et ce jeune garçon semblent, tout comme la voix adressée par le Seigneur, semblent jouer à un cache-cache qui nous renvoie aux tragiques dimensions de nos incompréhensions contemporaines, nouvelles barrières qui nous emmurent en tant de solitudes meublées par les gestes rituellement accomplis mais dont tou un chacun semble avoir perdu le sens et la finalité.

 

           

         La parole de l’Eternel était rare en ce temps-là, les visions n’étaient pas fréquentes

 

           J’avoue avoir en écho l’admirable représentation musicale due à Honegger : « Le roi David ». Et précisément au début de l’œuvre, Honnegger fait dire au récitant, d’une voix caverneuse : « C’était au temps où Jéhovah parlait aux hommes ! » Ce sentiment fréquent que nous pouvons avoir quand nous lisons les textes bibliques, et notemment les livres vétéro-testamentaires, sentiment selon lequel ils en avaient de la chance ces hommes et ces femmes à qui Dieu parlait… nostalgie des « grands jours d’autrefois ! ».

          Oui, seulement, voilà ! le livre de Samuel en son chapître 3 nous indique que « la Parole de l’Eternel était rare en ces temps-là »… soulignant que ça durait sans doute depuis un petit moment.

Je vous propose donc de retenir comme point essentiel pour ce jour à l’appui de ce texte de la vocation de Samuel la rareté ! et même si nous nous laissons porter par un sentiment suggéré au lecteur, quasiment l’absence… comme si la rareté, nommée par l’auteur nous faisait poindre avec une litote ce qu’il n’ose pas nommer : l’absence…. De Parole et de visions…

 

         Le temps de la rareté !

         Il est de bon ton spirituel de dire que Dieu s’adresse à nous, et que si nous n’entendons pas c’est que nous sommes fermés à sa Parole. On entre là dans tous les terrorismes spirituels qui font parfois dire à certains croyants que les autres croyants ne le sont pas et que dés lors leur foi est vaine ! Ce terrorisme-là fait bel et bien l’impasse sur ce qui est parfois le silence de Dieu.. sur la réelle solitude de l’humain et parmi l’humain, le peuple des croyants. Nous confessons le Vivant, mais il nous semble parfois que le Vivant se taît… Et pour ma part, je crois qu’il nous faut scruter le temps qu’il nous est donné de vivre plutôt que de prendre le risque d’une auto-suggestion qui peut devenir ravageuse quand on se met à confondre la parole de Dieu avec ce qu’on a envie d’entendre… quand on confond la soif et l’eau.

         Oui, on le sent bien quand s’ouvre le livre de Samuel, c’est un temps historiquement plat, creux, fait d’échecs, de dérives, de déréliction…

         Et nous avons à nous pencher sur ceci : la Parole de Dieu est rare !

         En quoi cela nous concerne t il ? à nous qui avons tant et tant en abondance pourquoi nous arréterions-nous sur la question de la rareté ? Je pense pour ma part qu’il y a un lien, entre l’abondance de tou ce que nous possédons à foison, et la rareté par ailleurs. Et qu’il est bon qu’il en soit ainsi ! Pour solliciter de notre part une réflexion quant à savoir si nous usons ou si nous mésusons de la terre qui nous est donnée en responsabilité.

 

         Si nous nous identifions à Eli : discerner les temps et lieux ou Dieu se manifeste !

 

         Eli, le prêtre de Silo n'a pas une bonne image dans l'ensemble des chapitres de Samuel où il est cité… Pour lui même, il est celui qui accomplit les rites au sanctuaire. Il a comme de l’incapacité à discerner les choses essentielles quand il confond une femme désespérée en prière agité avec une femme saoule qu’il invite à aller cuver ailleurs. La malédiction semble sur lui, ou en tout cas la vie sans sens, sans avenir, sans bénédiction : ses fils se conduisent comme des voyous et l’arche de l’Alliance qui était dans le sanctuaire de Siloe sera prise au combat par les philistins durant son sacerdoce. De la disparition de l’arche, il mourra ! D’un tel serviteur de Dieu, nous sommes les uns et les autres prêts à nous gausser, voire à accompagner sa misère de malédictions supplémentaires. Assurément, il représente l’anti-modèle. Celui qui semble avoir renoncé à entendre la Parole de Dieu, celui qui a renoncé à l’espoir. Pourtant il n’abandonne pas ; il est là, à son poste, dépeint comme un homme blasé.

         Et pourtant, une part de nous même est souvent proche d’Eli dans nos façons de vivre l’Eglise, dans nos façons de croire.

         Il arrive à Eli une chose extraordinaire. Dans cette nuit sans parole, dans le silence du sanctuaire, une Parole retentit : mais ce n’est pas à lui qu’elle s’adresse. Le vieux serviteur du sanctuaire n’a jamais sans doute entendu la Parole de Dieu. Il est cependant celui qui discerne que c’est Dieu qui s’adresse à Samuel. Il est celui qui donne à Samuel les mots qui conviennent quand Dieu s’adressera à nouveau à celui-ci.

 

         Plus proche de ce que nous sommes que nous ne voudrions bien l’admettre, le prêtre Eli est celui qui discerne que Dieu parle, qu’il va parler. Plus tard, il se renseignera auprès de Samuel : « que t’a t il dit ? » « Ne me cache rien même si c’est dur pour moi ! », auditeur de la Parole dans toutes ses implications.

 

         Oui, comme le prêtre Eli, nous avons une fonction dans le monde : celle de discerner quand le Seingeur s’adresse aux autres, par quels signes il se manifeste dans l’existence humaine. L’Eglise-Eli n’est pas le lieu où Dieu parle ou agit, mais elle est celle qui discerne et informe ses semblables, pour qu’ils entrent dans ce dialogue choisi et voulu par Dieu.

 

         Si nous nous identifions au jeune Samuel : reconnaître l’agir de Dieu et entrer dans un chaotique débat !

 

         Le jeune Samuel n’a rien demandé, mais il a été placé par sa mère au service du sanctuaire. Manifestement il se comporte en gentil garçon, mais totalement ignorant du fait que le Seigneur est un Dieu vivant, un Dieu de la relation, qui s’adresse aux siens par une parole. Lui ne connaît que les rudiments rituels que le vieil Eli lui enseigne. Plus tard il aura aussi un vie chaotique. Etre un serviteur à qui Dieu parle n’est pas de tout repos : sa propre descendance restera sans avenir…et corrompue elle-même ! Il est celui qui oindra tour à tour Saül puis David.

C’est en oignant David que Samuel entre dans ce qu’on appelle les destinées réussies…

Mais quels tâtonnements sur cette route, quelle incompréhension entre lui et Dieu. Même quand il veut défendre les droits de Dieu, le Seigneur lui-m^-my renonce, par cette incompréhensible volonté de se tenir près du peuple infidèle mais qu’il aime tant.

 

           Dansle sillage de Samuel nous pouvons être de ceux qui confessent l’avènement du Messie… de ceux qui contre toutes les apparences placent leur force dans la faiblesse aimée de Dieu, plut^tot que dans la confiance en soi.

 

           Mais ici, ce que nous retiendrons, c’est à quel point Samuel se laisse appeler, sans comprendre, en se trompant au début par ignorance… puis en reprenant les mots d’Eli lance un appel à son Seigneur pour qu’il parle !

Parle-moi Seigneur, ton serviteur écoute ! 

 

            C’est là que commence son aventure ! il ne la dirigera pas, malgré quelques tentatives. Il sera simplement porteur d’une autorité, d’une parole pour son peuple, pour que le lien soit rétabli entre Dieu et les siens !

            Dans la nuit, nous pouvons recevoir cette Parole et nous y soumettre…

        

         Bien sur me direz-vous avec Hébreux, nous avons eu en Christ une Parole et définitive…

        

         Le thème de la parole adressée aux prophètes est repris au livre des Hébreux..

         Mais c’est pour nous dire que cette Parole a retenti en actes, en vie accomplie par la vie, la mort et la résurrection de Jésus le Christ !

         Ainsi pouvons-nous dire que Dieu a prononcé déjà, pour nous, l’ultime de sa volonté par le Fils. Il y aurait en Christ cette plénitude qui mettrait fin au zapping du temps des prophètes ou au silence…

         Pourtant quand je dis Christ, Parole du Dieu Vivant, je dis simultanément une présence et une absence. Je formule à nouveau toute une incompréhension, mais désormais c’est celle d’une radicale impossibilité à comprendre le geste démesuré accompli par Dieu en son Fils.

          Il ne me suffit pas de le relire dans la trâce laissée pour que nous nous y ressourcions que sont les textes bibliques. Il ne me suffit pas de chercher son visage et la trâce de sa venue parmi les visages de mes semblables. Il me faut encore une intelligence, un souffle qui ne sont pas de mon fait, de ma propre initiative.

 

         Ainsi, en Christ, la Parole, adressée à nous reste et demeure rare.

 

         S’il y a quelque chose de l’ordre de l’accomplissement dans le don du Christ s’offrant pour nous, il y a aussi cette mystérieuse et incompréhensible décision de nous laisser seuls, pour que nous soyons libres, et construisant notre dignité… Par la méditation des écritures, par la bouleversante rencontre des autres, par l’agir de l’Esprit, il se donne à nous comme une Parole en actes, qui nous engage à la responsabilité… En cela, il est absent et présent.

         Mais il nous faut bien l’admettre, et en méditer encore le sens : la manifestation de la Parole reste rare.

         Car la Parole que notre Seigneur nous adresse n’est pas abondance qu’on puisse gaspiller. Elle n’est pas réflexion toute faite pour nous éviter de devoir répondre nous-mêmes.

         Dans ce monde où tout est mimé, singé, même les plus belles, elle se fait rare, mais c’est pour que nous ne la foulions pas, pour que nous la prenions comme un don et non comme un du.

 

         Dieu ne se dérobe pas, mais il ne saurait devenir objet de consommation comme nous le faisons en laissant se marchandiser tant de parole.

 

         Dans notre monde marchand, la Parole de Dieu s’est faite rare ! et les visions aussi !

         Qu’est-ce qui reste gratuit aujourd’hui ?

         Quelles paroles ou quels regards portés peuvent nous ouvrir à la gratuité, au don mutuel ?

         La rareté de la Parole est une invitation : assurément elle peut bouleverser nos modes de vivre avec les autres.

 

Gers, Juin 2004

Uzès, Juillet 2004

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 15:17
Epître à Philémon

 

Qu'est-ce qui me sert ? .Qu’est-ce qui me rapporte ? 

(l’esclave inutile et le frère bien aimé utile)

 

A quoi suis-je lié ?   

 

A quoi suis-je lié ? C’est à dire en quelque sorte qu’est-ce qui fait mon identité, mon rapport aux autres ? Et dans cet écheveau d’images somme toutes virtuelles par lesquelles je me représente à moi -même par l’intermédiaire du regard et du vécu des autres et du monde, qu’est-ce qui me rend libre ou au contraire m’attache, m’arrime à la pesanteur de l’ordre établi de ce monde ?

 

Une telle question est-elle vraiment nécessaire ? N’est-ce pas un luxe de se la poser ? ou encore n’est-ce pas se  compliquer les choses ? Oui, au fond, ne me suffit-il pas de me proclamer libre et de le hurler à la face du monde pour qu’il en soit ainsi ? Pour que j’existe à mes propres yeux, et dans le regard des autres, ne me suffit-il pas de le vouloir ainsi et de m’en donner les moyens par l’effort de la volonté, de la discipline personnelle ? Libre ? ou attaché ? et bien sûr qui de nous voudrait rester attaché, arrimé, ou encore rester soumis ? Alors que nous servirait de proclamer comme Paul le fait en l’exhibant en titre de gloire qu’il est prisonnier du Seigneur, captif de l’Evangile, prisonnier pour la cause de l’Evangile ? Ne sommes nous pas, ne serions nous pas dans un temps où l’être humain a proclamé  son autonomie, sa capacité de libre disposition, de souveraine autodétermination de son présent  et de son avenir ? Et ce serait un pas avancé qualitativement par rapport au temps de l’apôtre Paul. Assurément, il nous faut recevoir ce constat remarquable fait par le théologien et résistant antinazi  Dietrich Bonhoeffer, selon lequel l’homme est arrivé à un âge adulte, et que cette libre détermination de son destin par l’homme est voulue par Dieu. Pour D.B., cette  arrivée à la maturité de l’humanité, loin d’être un motif d rejeter foi ou religion, est plutôt un cri de sa foi libérée : il nous faut vivre devant Dieu, comme étant sans Dieu, comme si Dieu ne nous était pas donné. Et cette liberté, cette autonomie dont nous pouvons et nous devons nous emparer comme humains responsables, nous pouvons à bien des égards la relier aux tonalités de Paul dans l’Epître à Philémon.

 

Tout va bien donc ! Sauf qu’il nous faut interroger notre réalité, partir en reconnaissance dans le concret de nos existences.

 

Bien sûr, ici, dans cette salle, personne n’est esclave au sens où Onésime l’était…Peut-être y a t- il un peu  plus de Philémon, certes plus patron d’esclaves, mais gens aimant bien maîtriser autour d’eux et les choses et les gens.

Mais pouvons nous oublier que les Nations Unies en sont encore à devoir faire le point sur l’esclavage, que des populations entières sont soumises et que, tant dans le monde riche que dans le

monde pauvre, des êtres humains vivent de réelles conditions d’esclaves au sens antique, et toujours bien contemporain. La question posée par Paul n’est pas si derrière nous que ça !

Mais puisque Paul fait aussi une lecture symbolique de sa captivité (captivité de Christ, captivité de l’Evangile…) c’est bien pour nous signaler que cela le met hors d’atteinte des captivités symboliques de ce monde. Qu’es aquo ?

Il s’agit du poids dans nos vies, de nos habitudes, de ce qui nous a conditionnés, ces multiples points de repaires quotidiens (je ne parle pas des valeurs, là), ces choses qui nous entourent, ces gestes qui nous rassurent, ces réactions à ceci ou à cela…et puis il y a l’air du temps : même si je ne le veut pas, je suis inexorablement conduit à faire comme les autres : je ne l’ai pas décidé, les autres non plus, et nous le faisons tous..Et plus que l’air du temps, il y a l’ordre des choses, qui bouge lui aussi : nous ne vivons pas comme il a 2O ans, comme il y a 40 ans…même les gardiens du temple et des traditions ne seraient pas reconnus par nos ancêtres mais un certain ordre naturel des choses règne et fou celui qui voudrait que ce soit autrement…Tout cela nous construit, que nous l’acceptions comme une fatalité ou que nous ne nous y résolvions pas, c’est notre lot : nos modes d’être, nos modes de vivre.

Et puis comment ne pas dire à quel point nous sommes dans la situation d’Onésime et Philémon : chacun à sa place, chacun dans son rôle, chacun dans sa compétence reconnue, dans ses mérites acquis, dans ses performances établies.

Nous voilà à tout bout de champ happé par la nécessité de coller à une image, à une représentation, au besoin de gagner, de l’emporter de réussir, d’être le meilleur, d’avoir le mieux. Telle une course effrénée et jamais achevée notre existence est projetée dans l’attirance fascinée des images par lesquelles il nous faudrait pouvoir être identifié pour pouvoir être reconnu. C’est par ce que l’autre fait que je le nomme, qu’il prend consistance pour moi. Et il en est ce même pour moi. Ah ! Ce regard des autres !

 

J’ai oublié la captivité de ceux qui n’ont accédé à rien, et sur lesquels pèse le fardeau de ne pouvoir exister. Tout juste le droit de s’essouffler à justifier qu’on a le droit de vivre.

 

Chemin faisant, j’ai évoqué tous ces Seigneurs qui m’appellent, toutes ces Puissances qui me fascinent, m’aimante, me font penser que si je les suis servilement je pourrai être, pouvoir de l’avoir, du savoir, du pouvoir, pouvoir de l’image et de l’idée de puissance. Si c’est là que se niche mon autonomie, ma libre autodétermination, je ne suis que dans une misérable illusion ; dans une course à l’identité jamais acquise, toujours manquée ou toujours usurpée.

 

Paul, lui, en reconnaissant sa captivité en Christ marque qu’il est inscrit dans un combat, qui le concerne, certes, mais qui le tend de tout son être de toute son intensité, vers une autre réalité : la réalité de l’autre. C’est en aidant l’autre à prendre le risque d’être transformé que je deviens moi-même transformé. C’est un inconnu qui m’appelle : le quotidien à bâtir selon une autre règle du jeu : qu’est-ce qui construit la liberté de l’homme ? Qu’est-ce qui me fait cheminer de l’enfant vers l’homme ? C’est le renoncement à toutes ces captivités qui me fascinent. C’est savoir que je suis aimé par Dieu pour moi-même, tel que je suis. Qu’il me reçoit sans condition. Paul prisonnier ? oui. Car le Seigneur dont témoigne Paul me fait entrer dans une étrange danse : il me reçoit à tout instant tel que je suis, et ce faisant il m’appelle à des cieux nouveaux et à une terre nouvelle, à un homme nouveau. Et incessamment, cette relation va de l’accueil sans condition à l’exigence inatteignable par moi-même de devenir cet homme renouvelé.

Attention, l’Histoire des totalitarismes du 20° siècle, comme l’histoire d’une Chrétienté étouffante, comme la croyance humaniste à l’inexorabilité du progrès, nous l’apprend :

rien ne ressemble plus à l’homme nouveau que l’homme pré-fabriqué, pré-formaté.

D’où pouvons-nous tirer l’intelligence de pouvoir discerner ?

 

Invité ! Invité à Quoi ?

 

Puis-je me laisser bousculer par une parole étrange ?

 

Ce qui me fait vivre, c’est ce qui m’est donné,

« par affection, et par plaisir »

 

 

Alès, septembre 2001

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  • Jean-Christophe MULLER
  • observateur engagé dans le monde où je vis avec les autres......
ancien ADJOINT au MAIRE d'ALES (83-95)
ancien CONSEILLER REGIONAL du LANGUEDOC-ROUSSILLON (88-92)
PASTEUR de l'EGLISE REFORMEE de FRANCE (depuis 1999)
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Par un petit matin d'été, Quand le soleil vous monte au coeur, Quand un ami sèche vos pleurs, Qu'elle est belle la liberté, la liberté ! (G.Brassens "Heureux qui comme Ulysse !")

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