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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 16:11

dialogue inter-actif autour de Jean 21 / 1-14

 

I -      Nous avons cheminé aujourd’hui, et pris du temps autour de ce texte de l’Evangile de Jean ! Qu’est-ce que nous pouvons en retenir ?

 

II -     Ils sont fatigués les disciples ! Ils ont vécu tant de chose avec Jésus ! Espoirs, très forts, où chacun a mis ce qu’il attendait, ce qu’il portait en lui, sans forcément écouter tout ce qu’il leur disait. Mais on est toujours tellement pressé de vivre qu’on n’entend que ce qui nous arrange et nous donne raison.

 

III -    Alors est venu le temps terrible où ils l’ont tous abandonné, pour tenter de sauver leur peau : « chacun pour soi ! ». Et l’échec final : sa mort ! Tout était perdu, tout ce à quoi on s’était accroché si fort n’avait plus de sens !

 

IV -   Oui, mais il était ré-apparu à ses amis ! Dans l’intimité d’une chambre reculée, comme pour parler à leur cœur ! « La Paix soit avec vous ! ». Soyez délivrés de vos fautes, de vos culpabilités, de vos abandons, de vos trahisons. Ne soyez plus dans la peine, le chagrin, la nostalgie ! Arrêtez de regarder dans le rétroviseur : un avenir s’ouvre devant vous !

 

I -      Mais il était reparti ! Ils étaient rentrés chez, en Galilée… Et la vie reprenait son cours, ennuyeux, fatigant usant. « J’en ai marre, je suis fatigué » dit l’un, « Alors je vais faire comme avant ! ». Comme avant de rencontrer Jésus et de le suivre.

 

II -     Et ils partent à la pêche ! Mais dans nos vies à nous, il nous arrive après des moments forts vécus en Eglise de désespérer, de ne plus trouver nulle part quelque chose qui nous motive, qui nous entraîne ! Alors, on s’occupe !

 

III -    Oui mais comme les disciples après une nuit de pêche, on ne trouve rien, on ne ramène rien ! On n’attend plus rien !  J’ai entendu des personnes dire : « on m’a trop promis ! On m’a trop fait rêvé ! Maintenant, on ne m’aura plus ! ».

 

IV – Oui ! Et puis voilà quelqu’un sur la plage, qui attend. Qui les attend, qui nous attend. A-t-il son sourire bienveillant ? A – t – il son regard si doux qui invite au voyage de la tendresse et de l’amitié ? A – t – il cette attitude si simple, sereine et confiante, capable de balayer tout ce qu’il y a de lourd et de chargé dans nos cœurs et dans nos têtes ?

 

I -      “N’avez-vous rien à manger ?” et c’est par ces mots que tout recommence ! Et c’est par une question qu’un nouveau récit, une nouvelle vie va être rendue possible.

 

II -     Il les renvoie à la pêche ! Ils arrivent à trouver un peu de courage, malgré la fatigue, malgré la déception… Un peu parce qu’ils ont besoin de croire sans plus savoir pourquoi, un peu parce qu’ « on ne sait jamais ! », et puis cette petite lueur d’espérance qui sommeille en chacun de nous. Petite lueur que nous étouffons si souvent parce qu’il faut être réaliste, parce qu’ »on me l’a déjà fait ! ». Mais un désir d’espérance, que quelque chose de neuf, de différent puisse un jour se passer.
III -    Nous avons là une promesse pour nos vies : l’espérance est prête, possible ! On peut inscrire la vie, notre vie dans l’espérance ! On l’a dit : il y a le filet, signe de l’Eglise. et les 153 poissons, signe de multitude, d’abondance ! Mais il ne faut pas trop faire parler les signes, chercher s’il y a un code à décrypter qui donnerait la clé de compréhension des textes.
IV -   On a tellement peur de passer à côté des choses essentielles qu’on se fixe sur un détail, qu’on cherche à le faire parler. Mais en vérité, là n’est pas l’essentiel. Nous avons pris le temps de poser nos noms, ou nos façons de dire qui nous sommes sur le filet : ça nous permet de dire que nous y sommes tous appelés, et que nous sommes là ! Ca nous permet de dire que les hommes et les femmes que nous rencontrons chaque jour, sont eux aussi aimés de Dieu. La multitude des humains qui sont tous appelés à la réconciliation, à recevoir la Paix dans leur cœur et dans leur vie.
I -      Moi j’aime bien le feu de braise sur la plage : ça réchauffe ! Et puis je me souviens que souvent, quand on regarde un feu, ou quand on regarde un rougeoiement de braise, ça fait quelque chose. Autour d’un feu, on a envie de se rassembler.
II -     Et c’est ce qui se passe avec le repas partagé, comme nous l’avons fait tout à l’heure. Pour nous rappeler que Jésus est celui qui vient mystérieusement à notre rencontre, et nous rassemble.
III -    La rencontre avec le Ressuscité est pour moi une nourriture. Dans ma vie quotidienne, cette nourriture anime l’espérance de quelque chose qui peut ressusciter en moi ou chez l’autre.

Avec cette espérance de résurrection, avec cette rencontre toujours étonnante et toujours recommencée il me semble que je puis avoir confiance, que quelque chose puisse ad-venir. Je trouve là un fondement vivant pour notre existence.

 

IV -   Nous nous sommes assemblés aujourd’hui. Et si ce texte du petit déjeuner sur la plage était un récit du commencement de l’Eglise. Chaque fois que nous nous rassemblons et que nous communions, nous venons avec nos espoirs déçus, nos échecs, nous apportons une part de notre nuit, de la froidure, du ciel noir et notre attente de lumière.

 

I -      C’est ainsi que le Seigneur vient à nous. Nous ne sommes pas appelés à une vie enfermée dans nos tours d’ivoire. Vivre, revivre, c’est toujours avec les autres. oui, la résurrection ne peut passer  que par quelqu’un d’autre : par celle de Jésus, qui vient nous inviter à la beauté et la tendresse du monde partagé.

 

II -     Par la vie que nous pouvons cheminer avec les autres : nous avons pris le temps de marcher ensemble, nous avons porté les espoirs et les fardeaux des autres. Nous avons à prendre soin les uns des autres, avec exigence et tendresse, avec lucidité et compréhension réciproque : « prends soin de mes brebis ». Que nous puissions être chacun témoin d’une espérance de résurrection pour l’autre, ne serait-ce là notre mission de chrétien et celle de l’église ?

 

III -    Alors notre foi en cette résurrection peut être ce qui nous guette sans cesse...

 

IV -   Si c’est ça, alors l’église serait aussi ce filet qui ne craque pas quand nous, nous craquons.... Se rassembler, c’est se dire l’un à l’autre : « j’ai besoin de toi ! »… comme il leur a dit « N’avez-vous rien à manger ? » 

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 22:49
Changer de regard
(avec l’Evangile de Marc, chapitres 14-15 et 16)

          Invitation à un profond renouvellement de nos regards sur le monde et sur nous-mêmes ! Chemin toujours à reprendre, tant le bouleversement est grand. Nos vies ont du mal à s’en saisir.  Relisant et méditant les Ecritures, je voudrais souligner la solitude de l’homme Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, aux heures où tout se joue pour nous.
          A Gethsemané, Jésus entre par la prière si déchirante au cœur de la tension ultime : se préserver ou aller jusqu’au bout du don ? C’est cela l’agonie (c.a.d. le temps du combat intérieur). Tétanisés et exaspérés du climat si lourd qui les entoure, ses amis le laissent seul, incapables de veiller et prier…
          Vient la soldatesque pour l’arrêter : « Alors tous l’abandonnèrent et prirent la fuite ». Trahison ? Reniement ?  Et surtout cet abandon par tous : devant ce qui va s’accomplir jusqu’au bout, nul n’arrive, parmi ceux qu’il s’était choisis, à demeurer à ses côtés : insoutenable vérité qui se présente à nous, et qui demeure. Hors cet homme, Jésus, qui d’entre nous peut dire qu’il est Juste ?
          Quand tout souffle de vie s’en va, ce cri : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? »… Jésus, abandonné, seul, vraiment seul, livré au Néant.
          Là Dieu se révèle, en son Fils venu partager notre condition humaine : au plus profond de nos détresses, quand il n’est plus rien à attendre, dans la densité de la nuit, jusqu’au bout de l’absurde et de l’absence totale et de sens et d’espérance.

          C’est cette faiblesse extrême que Dieu a choisi pour exprimer l’ampleur de son amour !

          Au petit matin, au seuil du tombeau vide, un message d’espoir est délivré aux femmes : … le Crucifié s’est réveillé ! Stupéfaites et effrayées, « elles ne dirent rien à personne car elles avaient peur ! »… Tant de liens nous rivent à nos équilibres précaires, à nos fatalités, à nos images de la force et de la puissance : nous nous donnons l’illusion de pouvoir apprivoiser la mort. Et comme les femmes au petit matin de Pâques, nous sommes désarçonnés, vaincus.

          Pourtant ! Une Vie Nouvelle est possible, là, dans la victoire sur la Mort !  Laissons résonner et vibrer en nous l’intensité de cet instant, quand tout commence…. Vraiment !

Jean-Christophe Muller

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 18:01

Quand Dieu a découvert l’amour !

le récit du Déluge et de l’Alliance avec Noë dans Genèse 6:5 à 9:17

     Longtemps, j’ai pris l’Alliance avec Noë pour une  « petite » Alliance, une espèce de vague extension universalisante des si fortes et prégnantes Alliances passées avec Abraham, Moïse ou David. Cette simple promesse de ne plus détruire la terre, de ne plus la dévaster me semblait être un peu pâle et faible. Mais j’admettais bien qu’on ne lâche pas tout au départ, qu’on se garde des provisions pour la route. Et finalement Dieu avait bien raison d’en rester à une simple clause de protection –non négligeable au demeurant- : c’est après, dans le cours du déroulement de l’histoire qu’il aurait peu à peu, et de façon éducative, l’occasion de s’installer dans le cœur de l’homme.

     Pour moi, c’est devenu un de mes textes de référence : il est au « Top 50 » de mon « canon dans le canon ». Mais c’est très subjectif. Voici simplement un cheminement entre quelques formules clés du récit et les observations subjectives que cela fait naître en moi : comme un partage à bâtons rompus.

1- « Le Seigneur vit que le méchanceté de l’homme se multipliait sur la terre : à longueur de journée, son cœur n’était porté qu’à concevoir le mal » (6 :5).
« Dieu regarda la terre et la vit corrompue, car toute chair avait perverti sa conduite sur la terre. » (6 :12)
     Voilà une terrible constatation pour l’auteur de la Création ! Que sait-on du sentiment de l’échec ? Que peut-il bien se passer quand les choses ne se déroulent pas comme on le voudrait ? De l’écoeurement et de l’indignation, de la rage au ventre et du dépit, de la fureur et une ferme condamnation.
     En l’occurrence si Dieu est celui que les déistes ont appelé le « Grand Architecte de l’Univers », le voilà atteint par la clause de garantie décennale qu’on peut faire jouer contre tout constructeur défaillant. Ou Dieu serait-il atteint  de ce qu’on appelle chez les parents, les éducateurs et les églises « la crise de la transmission » ?
     Autre question : Voilà qu’à l’aube de l’humanité, Dieu constate que la nature humaine et les logiques qui en découlent ne sont pas les siennes. Mais cela a-t-il fondamentalement changé depuis. Si l’humanité a fait des progrès techniques et artistiques, a-t-elle vraiment changé depuis la veille du Déluge ? N’avons-nous pas là un écho de l’anthropologie pessimiste que Calvin par exemple reprendra, à l’encontre des rousseauistes et autres penseurs de l’homme « naturellement bon » ? Alors, certes, il y a bien « Noë, homme juste qui fut intègre…et suivit les voies du Seigneur » (6 :9). Mais après le Déluge, une fois Noë sorti de son Caisson étanche, Dieu ne fait-il pas ce constat maintenu : « Certes le cœur de l’homme est porté au mal dés sa jeunesse, mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait » (8 :21) ?
     Entre-temps, il s’est passé le Déluge, mais rien ne semble avoir changé. Le pire c’est que désormais ce constat s’établit sur la descendance de Noë le juste… De quoi nous désespérer de nous-mêmes. Ainsi donc le texte biblique nous dit que le Déluge n’a rien changé du côté de l’être humain, de son cœur « naturellement enclin au mal », de sa méchanceté et de sa corruption. Sur ce fil rouge-là, rien n’a bougé. Il nous faut donc aller voir ailleurs ce qui a pu changer entre l’avant et l’après-Déluge. Sinon ce n’était pas la peine de tout effacer, de tout démolir pour que tout reparte à l’identique. Ou alors ce serait comme dans Le Guépard : « Il faut que tout change pour que tout reste comme avant. ».

2- « Et Dieu se souvint de Noë… » (8 :1)
     Ce passage-là est pour moi un déclic, je dirais même le temps le plus émouvant et bouleversant. Un instant qui ouvre un nouveau cours pour l’humanité. Quand plus tard les hébreux seront en servitude en Egypte, et qu’ils gémiront, on aura de même « Dieu entendit leur plainte : Dieu se souvint de son Alliance avec Abraham, Isaac et Jacob…Dieu se rendit compte » (Ex. 2 :24 s).
     Il se passe ainsi des moments où Dieu aurait oublié, et des moments où Dieu se rappellerait… Je frémis à la seule idée que Noë et les siens, flottant sur les eaux dans le Caisson étanche aurait pu y flotter pour une éternité, si Dieu ne s’en était pas souvenu. Mais au fond dans les détresses et les errances, il nous arrive de nous demander ce que nous avons fait au Seigneur, mais il nous arrive aussi, temps suprême de la désespérance de nous demander s’il ne nous a pas simplement oublié. Alors sonne le « il se souvint » ! Et désormais c’est cela et rien d’autre qui prend sens.
     Mais que s’est-il passé. Selon moi, en déclanchant par les eaux du Déluge son courroux et sa « juste » condamnation, Dieu a été à ses propres yeux victime de la violence de sa propre justice. Comme si, une fois la dévastation du monde corrompu et violent mise en œuvre, il ne restait que la violence des flots et un « trou », un tohu bohu… Quel avenir après le Déluge ? Dieu lui-même aurait-il eu un trou, une panne d’idée ? La violence de sa condamnation mènerait-elle au chaos originel ? C’est ce que je crois. En tout cas le Dieu Tout-Puissant, le Dieu de tous les jugements et de toutes les justes condamnations ne sait plus quoi faire après avoir mis en œuvre sa colère : elle le déborde et le dépasse.
     « Et Dieu se souvint de Noë » : là il y a le déclic. Et c’est d’abord la fin de la dévastation, la sortie de la colère, du courroux et du jugement. C’est le moment où Dieu (ou l’image que nous nous faisons de Dieu, au choix) bascule. Quelque chose prend à ses yeux la priorité sur tout : Dieu se rend compte que son amour a plus d’importance que son légitime courroux. Ou que ce dernier n’est fort que parce qu’il aime.

3- « ..le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme et il s’en affligea » (6 :6)
« Je ne maudirai jamais plus le sol à cause de l’homme… plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait » (8:21)
« Quand je ferai apparaître des nages sur la terre et qu’on verra l’arc dans la nuée, je me souviendrai de mon alliance avec vous… » (9:14 s)
     Ou quand Dieu se repent de s’être repenti, et s’impose à lui-même une limite… Commentant une fois ce texte, une question dans l’assemblée fuse : «  mais si vous dites que Dieu se repent de s’être repenti, vous mettez en cause l’infaillibilité de Dieu ». Sur le coup je fus surpris, car si je refuse depuis toujours l’infaillibilité du pape, je n’avais jamais réfléchi à celle de Dieu. Mais de fait, nous n’avons pas à y penser : Dieu lui-même dénonce son infaillibilité. Ou plutôt, il y renonce. Avec l’homme, il change de mode d’emploi : il décide d’ouvrir une relation. Celle d’un amour dont l’arc dans la nuée est le signe. Quand j’aurai des motifs d’en vouloir aux humains (les nuages), je ne détruirai plus : mon arc dans la nuée me rappellera que  je veux autre chose.

     Qu’est-ce que l’arc ? Le peuple de l’Alliance (la première et la nouvelle) ? le souvenir de ce moment indicible où il s’est souvenu (et forcément avec beaucoup d’émotions) de Noë ? C’est en tout état de cause la volonté pour Dieu de se souvenir qu’il a choisi une parole de réconciliation plutôt que la légitime condamnation. Quand Dieu se souvint de Noë, c’est le jour où Dieu s’est mis à aimer… et où il s’est radicalement changé… ce que les humains apparemment n’ont pas encore fait.
N’est-ce pas cela que nous appelons la Grâce ? Alors le texte du Déluge n’est pas le récit d’une pâle et « petite » Alliance, vaguement universelle. A tous les submergés, elle donne en début du livre de la Genèse une clé de compréhension fondamentale pour tout ce qui suit.


                            Jean-Christophe Muller (paru dans le journal protestant Ensemble en 2003

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  • Jean-Christophe MULLER
  • observateur engagé dans le monde où je vis avec les autres......
ancien ADJOINT au MAIRE d'ALES (83-95)
ancien CONSEILLER REGIONAL du LANGUEDOC-ROUSSILLON (88-92)
PASTEUR de l'EGLISE REFORMEE de FRANCE (depuis 1999)
  • observateur engagé dans le monde où je vis avec les autres...... ancien ADJOINT au MAIRE d'ALES (83-95) ancien CONSEILLER REGIONAL du LANGUEDOC-ROUSSILLON (88-92) PASTEUR de l'EGLISE REFORMEE de FRANCE (depuis 1999)

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