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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 15:52

PREDICATION à plusieurs voix du 06 11 2005

 

Après que Jésus eut achevé ces discours, la foule fut frappée de son enseignement ;  car il s’exprimait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes. Mt 7/28-29

 

B.

En préparant le culte de «  la réforme », je me suis aperçue combien il était difficile d’innover, de changer nos façons de faire, de voir ou de dire.

Notre groupe avait pour souhait de créer une atmosphère différente.

La question qui se posait : «  qu’est ce que nous souhaitions changer réellement lors de nos partages de nos  moments de cultes ? »

Nous sommes restés plusieurs soirées, et même avec plusieurs pasteurs à nous questionner . Les idées ne fusaient pas . .. : c’était en fait un exercice plus difficile que ce qu’on en avait pensé au départ . Alors jean Christophe, nous a proposé d’écrire quelques lignes personnelles , voilà donc ma réflexion :

Notre difficulté à nous exprimer, est ce le souci de choquer la communauté de l’uzège ? ( risquant alors de vouloir exiger des autres ce que je ne suis pas prête à faire moi-même !)

Ou est ce l’inquiétude de témoigner de ma foi devant les autres ( risquant alors de laisser transparaître ma distorsion entre mes paroles et mes actes !)

Ces questions si difficiles pour nous à proclamer distinctement, Luther, lui les a placardées, témoignant ainsi encore aujourd’hui du courage, de la volonté et de la puissance de l’esprit de Christ au milieu des hommes (Luther risquait beaucoup plus « gros » que notre groupe). Je suis reconnaissante à Dieu pour ces changements que Luther a déclanché au sein de l’Eglise, et qui nous permettent aujourd’hui d’appartenir à l’Eglise Réformée.

Le changement de nos perspectives, de nos regards, de nos cultes, de nos moments de partages, n’ont de sens pour moi que s’ils se trouvent guidés par l’Esprit du Christ. Cet Esprit, que je cherche, espérant qu’il m’accompagne, mais aussi si difficile à affirmer, je le prie aujourd’hui pour qu’il souffle sur notre paroisse, afin que la Réforme de nos vies soit à chaque instant en chacun de nous affermie par l’Esprit Saint . 

 

JEAN-CHRISTOPHE

La communication est un art difficile, et la tâche pastorale en est parfois malmenée. La question proposée au groupe Starter portait sur les grands principes de la Réforme… et pour ce moment de méditation du texte biblique, savoir si l’affirmation unanime des Réformateurs de « l’autorité souveraine des Ecritures » était toujours d’actualité pour nous aujourd’hui.

Et toi, B., tu étais pré-occupée par celle-ci : «  qu’est ce que nous souhaitions changer réellement lors de nos partages de nos  moments de cultes ? »

Et derrière cette formule arrive ton aspiration à vivre plus manifestement du souffle de l’Esprit que tu cherches… espérant qu’il puisse mettre notre Eglise locale en chemin. Si je relève le propos ainsi, c’est que, depuis mon arrivée à Uzès, c’est cette pré-occupation-là que j’ai sentie, entendue sous des formes différentes chaque fois.

            En un sens, la quête, l’appel à l’Esprit, est un de nos plus beau et plus désarmant geste. Il manifeste une attente, une espérance, mais même si nous nous le cachons parfois, cela dénote aussi une détresse, une peur. Peur de nous-mêmes, peur des autres, peur de prendre le risque d’une aventure, d’une relation renouvelée.

            En cela, notre souci porte surtout sur l’Eglise, sur sa vie, sur son rythme sur son attrait, sur ce qu’on y vit, sur ce qu’on y reçoit.

            Un théologien catholique, il y a près de 100 ans disait : « Jésus est venu proclamer la venue de Royaume…, et c’est l’Eglise qui est venue ! ».

 

            La Bible nous rapporte l’écho de rencontres, de relations, de gestes… qui sont autant de manifestations de la Parole agissante de Dieu. Mais dans le souci du « geste », du « faire », de l’ « agir », nous risquons de ne pas prendre le temps de remonter un temps à la source. Il y a deux endroits où l’on peut entrer en relation vivante avec le Dieu qui se rend présent à nous par Jésus-Christ : La Bible, et la rencontre avec l’autre, le plus petit, le plus éloigné… Un des rappels des Réformateurs au travers de l’Autorité souveraine des Ecritures, c’est qu’aucune autorité, aucun groupe, ne peut se substituer à moi pour la rencontre personelle à laquelle je suis invité au travers de la méditation des Ecritures. Mais les Réformateurs se sont aussi élevés contre un illuminisme, selon lequel le souffle de l’Esprit manifesterait la présence de Dieu dans ma vie, indépendament du labeur astreignant, parfois enrichissant, parfois déroutant, souvent ingras, de lecture et de redécouverte du texte biblique.

Il faut prendre le temps de ce chemin, chemin lent, parfois ardu, assurément exigeant de la lecture personelle et collective des textes pour les méditer en notre cœur et en notre intelligence. La question du faire, du changer, vient après, seulement après.

Voilà ce que peut nous rappeler un temps de commémoration des temps de la Réforme protestante du 16ème siècle.

 

C.

Le culte de La Réformation est-il toujours d'actualité ?

Mon premier sentiment, c’est  NON car l'on ne doit être "que" dans l'ouverture………

(de + en + de mariages mixtes, arrivées à ERF de personnes issues des Eglises Evangéliques, du catholicisme,…), et une minorité ne peut que mourir si elle s'autosatisfait;

Après en avoir discuté avec une amie, je révise mon sentiment initial, car il est bon de rappeler ce que l'on est, en particulier à nos enfants.

 

Dans le texte de l'Apocalypse 10, la Réformation a le goût du miel quand on l'écoute car elle fait plaisir mais ceci risque de nous "pourrir"les entrailles comme la sclérose de notre communauté.

Pour combattre la sclérose, portons la bonne nouvelle, c'est-à-dire : Edifier, Former, Témoigner, Servir »

 

JEAN-CHRISTOPHE

            C. pose devant nous la question de l’identité ! Et en matière d’identité, les protestants réformés ont des stocks à revendre… si il y a toujours ou encore des gens pour en vouloir. Parce qu’il faut bien le dire, le stock est un peu usagé. Les Eglises issues de la Réforme ont-elles encore une pertinence dans leur mode de vie et d’expression de la foi ? Nos façon de vivre ne sont elles pas « étriquées ». Je suis toujours interrogé en moi-même quand je constate les regards posés sur la « tribu » par des gens qui viennent d’ailleurs.

            S’il s’agit d’un célébration, auto-satisfaite, de notre identité, de notre passé, je partage ton sentiment : c’est voué à la disparition, au mieux un beau musée. En tout as ce n’est porteur d’aucun message.

            Pourtant, force est de reconnaître qu’aujourd’hui, plus que la quête du salut, l’inquiétude pour notre âme, la question majeure de notre temps porte sur notre identité. Au temps de la Réforme elle ne fait pas question. Aujourd’hui, nous vivons des identités brisées, morcelées, inadaptées…

            Et tout autour de nous, nous avons à faire à des replis identitaires forts, ou à des constructions d’identités nouvelles très enfermantes.

            Et Christian nous dit : « on ne doit être que dans l’ouverture » !

            Je dirai pour ma part qu’on ne peut être que dans l’ouverture. Mais pour quoi ? Afin que notre ouverture ne soit pas un principe en soi. que notre souci de la transmission ne soit pas une obsession de la transmission en elle-même, précisément en un temps où les supports, les contenants, les « media » deviennent en eux-mêmes des messages même s’ils n’ont pas de contenu, sinon celui de l’immédiateté, de la sensation de vivre « en direct » quelque chose.

            Il peut y avoir du miel à se rappeler les bonnes pages et les belles formules de la Réforme, mais l’amertume du nécrosé à en rester là.

            Pourtant le texte de l’apocalypse nous parle d’un livre, reprenant une image du prophète Ezéchiel.

 

J'allai vers l'ange, en lui disant de me donner le petit livre. Et il me dit :

« Prends-le, et avale-le ; il sera amer à tes entrailles, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel. »                   Apo 10/9

 

            Mais le livre n’est pas celui de notre histoire ou de notre identité. C’est celui qui contient une Parole vivante. et l’amertume ou le fiel dont il est question, n’est pas celui de la nécrose, mais celui de la révolte, de l’amertume que Dieu ressent dans sa contemplation du monde, nous invitant à partager avec lui, pour prophétiser et appeler à changer radicalement nos manières de vivre individuelles et collectives.

            Célébrer la Réformation, ce peut être prendre le temps de nous interroger sur ce qui justifierait un cri de révolte, d’indignation, pour le faire monter vers le Père des Miséricordes. Ce peut-être une occasion de nous interroger sur les changements auxquels nous sommes invités pour ne pas rester en nous-mêmes, comme si tout allait bien.

            Nous interroger sur ce qui peut mettre nos vies en route, avec une autorité assez puissante pour nous en donner le désir… plus que ne le ferons jamais les lois humaines, ou nos façons si juridiques et moralisantes d’entendre la Parole de Dieu.

D.

Sous la "loi" , c'est "oeil pour oeil dent pour dent" ,

mais selon le  principe de/sous la grâce , il ne faut pas insister sur ses droits mais  au contraire sur ce que l'on doit aux autres , c'est celà qui procure la  paix (Mat.5/38)


Sous la "loi", c'est " tu aimeras ton prochain et tu haïras ton  ennemi",

mais selon le principe de /sous le grâce, puisque Dieu fait du  bien à tous ("soleil" et "pluie" pour tout le monde), vous pouvez avoir des collègues de travail ou des voisins qui vous haïssent , faites-leur  du bien à chaque fois que  vous en aurez l'occasion , parce que vous  manifesterez les caractères de notre Père qui est aux cieux. Aimer seulement ceux qui vous aiment...facile!

 

Le "challenge" c'est de  s'élever au dessus de ceux qui n'ont pas de relation  avec Dieu (Mat.5/43). C'est pas gagné en ce qui me concerne... mais puisque Dieu sait ce que cela représente de courage et comporte de souffrances que de s'efforcer de lui être fidèle (Apoc10/9et10)..., j'essaie !

 

JEAN-CHRISTOPHE

 

       Tu essaies, j’essaie, il/elle essaie, nous essayons, vous essayez, ils/elles essayent ! 

Et comme le dit D., comme le disait B., c’est une quête avec ce que cela a de tâtonnant, d’hésitant, de toujours inachevé…

            Recevoir la Grâce de Dieu, et en vivre, c’est toujours ce chemin à recommencer, jamais acquis. Mais Jésus, enseignant sur la Montagne nous invite à une si haute et si belle élévation. Dans cette élévation, ce que tu relève, Dominique, c’est combien l’autre, le prochain, devient un nouveau critère majeur pour que nous puissions vivre cette si difficile élévation. Le changement de regard est sans doute là.   

Ma relation à Dieu ne sera pas ouverte quand au travers d’une introspection bien menée, j’aurais mis de l’ordre dans mon intérieur et tenté de mener une vie irréprochable selon les codes humains et divins. Non, ma relation à Dieu s’ouvre, quand mon regard sur la vie quitte le souci de moi même pour que l’autre devienne ce qui fait mon existence, ce qui m’ouvre le chemin.

 

Avec B., C. et D., nous avons pu esquisser ce que peut vouloir dire encore aujourd’hui « Etre PROTESTANT », si cela a un sens, si cela peut être utile aux autres.

 

 

 

PROTESTER C’EST AFFIRMER

 

pro-tester, attester pour…

 

Protester, n’est pas affirmation de soi…

 

Au moment même où nous réfléchissons sur la Réforme protestante, les Réformateurs et leur héritage, il faut accepter de commencer par se défaire, se dépouiller de notre souci d’identité. Nous ne pouvons exister par nous-mêmes ni pour nous-mêmes. L’affichage d’un tel protestantisme n’a pas grand sens !

C’est peut-être là un effort d’humilité dont nous sommes peu capables (et on peut le comprendre !). En soi, pour soi, le protestantisme n’a pas de raison d’être, n’a pas de vocation particulière : il n’est qu’un avatar de l’histoire humaine, commencé par un échec (ou un semi-échec) puisque la réforme de la grande Eglise n’a pas eu lieu et est devenue rupture, l’amenant du coup à se définir trop souvent « par rapport à », « contre »… Vivons en ce sens, comme une chance, la désaffection religieuse et le petit nombre que nous sommes : pas de quoi être fiers !

 

…mais témoignage rendu à Dieu qui appelle chacun-e par son nom, le libère et le soutient !

 

            Face à tous les discours insistant sur les mérites que l’on a à parfaire, à la participation à sa réussite (et à son salut), on reproche au protestantisme le côté passif auquel il inviterait, un côté misanthrope et anti-humaniste qui se dégagerait de cette façon de vouloir tout placer en Dieu, et devant Dieu.

            Et pourtant, voici l’aventure…

                                                           … elle vaut la peine qu’on la parcoure !

 

            Car il ne s’agit pas de « gagner » sa vie, ni de la « réussir » , ol s’agit de la construire, de l’habiter.

            Il ne s’agit pas de se placer dans un face à face comparatif avec les autres, ni dans cet effort incessant à vouloir être meilleur, le meilleur, pas même le détenteur de la Vérité.

            Pas de compétition, ni avec les autres, ni avec soi-même, pour savoir qui je suis, ce qui me fait être. Ce serait une course épuisante, sans achêvement, aux succés éphémères et aux lendemains amers. Ce serait vouloir se faire soi-même un-e autre que nous ne sommes.

            Confesser sa foi, s’engager, n’est pas un acte premier, et ça n’est pas l’acte qui me fait exister devant Dieu. Confesser, s’engager, c’est une réponse. Réponse touours à recommencer, toujours à refaire. Et cela, parce qu’on a reçu une Parole qui, elle, nous donne vie !

 

Ainsi, c’est devant Dieu que nous apprenons à nous tenir.

 

 

Protester, c’est dire une parole d’espérance, fondée sur les promesses de l’Evangile, dont la force et la pertinence sont dans le Seigneur, et en lui seul…

 

            Il s’agir bien de protester pour le monde, pour cette humanité que Dieu aime, ai point d’être venu y faire demeure (« y planter sa tente »).

            Se dépouiller de son identité « bricolée » pour en recevoir une, renouvelée, certes ! Mais cette identité, nous ne la recevons pas pour la vivre pour soi. Il s’agit d’une Parole pour le monde, là même où Dieu nous veut, adultes, libres et responsables.

 

            ETRE OU NE PAS ETRE, disait le roi Lear dans Shakespeare. Mais pour nous, il ne s’agit pas d’une alternative : nous sommes appelés à vivre les deux termes à la fois dans une tension féconde.

            ETRE DEVANT DIEU, c’est ne pas être prosterné devant les puissances qui dominent ce monde et si souvent nos vies, c’est ne plus se déterminer ni s’identifier par rapport à elles, ni se confondre à elles.

            ETRE DEVANT DIEU, c’est être pleinement, pour ce monde, porteurs d’une Parole qui ouvre et donne un sens, un contenu à notre histoire.

 

 

            En ce sens, le protestantisme, l’ « Eglise réformée toujours à réformer », nous ne pouvons les revendiquer comme une marque déposée : bien des gens dans d’autres confessions chrétiennes vivent de cette démarche là, la partagent avec nous.

            C’est ainsi que nous pouvons reconnaître dans les autres des signes que Dieu nous donne, au cœur de nos différences et disparités, au cœur de nos fidélités et de nos infidélités.

 

            Celui qui parle avec autorité, c’est justement le Maître, dont les livres bibliques portent jusqu’à nous l’écho de la Parole en acte. Il nous appartient de veiller à n’être point les nouveaux scribes, mais de laisser, sans prétendre la posséder, cet enseignement qui fait autorité traverser nos vies jusqu’à nous amener à « oser prendre le risque de la Parole ».

 

 

 

                                                                       AMEN

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  • Jean-Christophe MULLER
  • observateur engagé dans le monde où je vis avec les autres......
ancien ADJOINT au MAIRE d'ALES (83-95)
ancien CONSEILLER REGIONAL du LANGUEDOC-ROUSSILLON (88-92)
PASTEUR de l'EGLISE REFORMEE de FRANCE (depuis 1999)
  • observateur engagé dans le monde où je vis avec les autres...... ancien ADJOINT au MAIRE d'ALES (83-95) ancien CONSEILLER REGIONAL du LANGUEDOC-ROUSSILLON (88-92) PASTEUR de l'EGLISE REFORMEE de FRANCE (depuis 1999)

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